Olivier Véran a clairement annoncé la couleur : le futur service d'accès aux soins doit permettre de répondre 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 à la demande de soins non programmés des Français sur l'ensemble du territoire. En offrant une réponse libérale dans un délai raisonnable, l'objectif de la future plateforme est aussi de désengorger les urgences. C'est là l'un des enjeux des négociations conventionnelles qui se sont ouvertes mi-septembre.
En pratique, comment va se traduire ce nouveau service sur le terrain ? Deux médecins ont confronté leur vision, relativement idéaliste, ce vendredi à Paris, lors des Contrepoints de la santé. De confrontation, il n'y eut pas vraiment, les Drs Jacques Battistoni, généraliste et président de MG France et François Braun, urgentiste et président de Samu-Urgences de France, étant d'accord tous deux pour dire que le SAS devrait permettre d'améliorer la régulation des soins.
Pour des agendas partagés
« Le service d'accès aux soins devra dire si les appels relèvent de l'urgence ou des soins de ville, explique le Dr Braun. Aujourd'hui, quatre patients sur dix reçus aux urgences pourraient être pris en charge par un médecin généraliste ». Bien entendu, les urgences sont prêtes à jouer le jeu et à renvoyer les patients aux praticiens libéraux, jure l'urgentiste messin.
Sur le principe, le Dr Battistoni est tout aussi positif. Concrètement, le SAS disposerait d'un volet ambulatoire, probablement à l'échelle du département. « Un secrétariat recevrait les appels renvoyés par le numéro principal et un médecin régulateur enverrait un effecteur dans les cas où cela est nécessaire », explique le patron de MG France.
L'objectif est que tous les médecins généralistes participent à ce service d'accès aux soins en partageant leur agenda dans lequel seraient libérés des créneaux pour les soins non programmés. « Quand l'appel ne nécessite pas une intervention immédiate, l'opératrice pourrait ainsi programmer une consultation chez le médecin le plus proche de l'assuré où un créneau est disponible », explique le Dr Battistoni. Mais il faudra motiver les médecins pour cela, ajoute le syndicaliste, soulignant l'importance d'accorder une valorisation financière pour ces consultations.
Quel numéro ?
Si, en théorie, ce dispositif semble être la panacée, en pratique, les choses sont un peu plus compliquées. Hospitaliers et libéraux ne sont jusqu'à présent pas parvenus à se mettre d'accord sur un numéro d'appel unique. Les hospitaliers souhaitent privilégier le 113 (les numéros d'urgence à deux chiffres devraient bientôt disparaître, a rappelé le Dr Braun) tandis que les médecins libéraux réclament à cor et à cri depuis de longs mois un numéro spécifique : le 116-117, expérimenté dans plusieurs régions. « Nous voulons préserver une organisation spécifique des médecins généralistes sur le territoire », argumente le Dr Battistoni.
Malgré cela, le patron de Samu-Urgences de France est des plus optimistes : un tel service d'accès aux soins peut selon lui être opérationnel d'ici à un an. Le Dr Battistoni est lui plus réservé sur les délais, soulignant le faible espoir de voir un accord conventionnel conclu avant les élections professionnelles des médecins programmées début avril 2021.
Les tergiversations des pouvoirs publics sur le choix d'un numéro d'urgence unique le prouvent : la mise en place du service d'accès aux soins ne sera pas simple comme un coup de fil.
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