Les maisons de santé veulent revoir leur financement, la Cnam songe à une ROSP d'équipe

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Publié le 29/03/2019
Congrès FFMPS

Congrès FFMPS
Crédit photo : Camille Roux

Les 8e journées nationales de la Fédération française des maisons et pôles de santé (FFMPS) qui se déroulent ce vendredi et jusqu'au samedi 30 mars à Dijon ont donné l'occasion aux représentants des 1 200 MSP ouvertes sur le territoire (400 sont en projet) de faire entendre leur voix. 

Le président de la République Emmanuel Macron a fixé en septembre dernier l'objectif de 2 000 MSP en France d’ici à 2022. Mais depuis cette annonce, plus rien. La FFMPS s’inquiète du silence gouvernemental depuis le lancement du Plan Ma santé 2022. La volonté d’Agnès Buzyn de multiplier les Communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) pour favoriser l’exercice coordonné ferait de l’ombre aux MSP.

« Depuis quelques mois on n’entend plus parler que de CPTS, déplore le Dr Gendry, président de la FFMPS. Les MSP, les Equipes de soins primaires (ESP) sont mises au second plan ». Le généraliste de Renazé (Mayenne) interpelle également la ministre de la Santé sur la méthode. « Une équipe ne se décrète pas. Seul un véritable projet de santé fera adhérer les professionnels », assure le Dr Gendry. Un hasard, le thème central du congrès cette année porte sur la pluriprofessionnalité.

Pas de concurrence mais une complémentarité, assure Buzyn

Initialement annoncée au congrès, la ministre de la Santé a finalement annulé son déplacement à Dijon. Elle s’est cependant adressée aux 1 200 congressistes dans une vidéo où elle s'est voulue rassurante. « La création de CPTS ne doit pas être perçue comme une menace. Ces structures ont vocation à se compléter avec les MSP », a-t-elle martelé. « On n’oublie pas les MSP et leur importance pour les soins primaires en proximité du patient », a également affirmé le directeur de la Cnam Nicolas Revel. « Opposer MSP et CPTS ne peut conduire qu’à un échec », confirme la directrice de l’offre de soins (DGOS-ministère) Cécile Courrèges.

Vers une révision du financement des MSP ?

Les membres de la FFMPS ont également insisté pendant les plénières sur l’importance de faire évoluer les modalités de financement des maisons de santé. L’émergence de nouveaux métiers dans les équipes, comme les assistants médicaux, les infirmières en pratique avancée ou encore les coordinateurs de MSP, implique en effet selon eux de repenser certains indicateurs de l’Accord-cadre interprofessionnel (ACI) signé en avril 2017. La FFMPS demande ainsi un financement pour les IPA futures salariées des maisons de santé.

Pour le bureau de la fédération, pas seulement composé de médecins, la notion « d’équipe traitante » devrait également être privilégiée à celle du médecin traitant pour le calcul de certains indicateurs. « Pourquoi ne pas passer de la patientèle médecin traitant à une population plus large » a répondu le directeur de la Cnam, qui a évoqué l’idée d’une prise en compte de la file active de la structure dans les indicateurs ACI. Une autre piste envisagée par Nicolas Revel serait la création d’une « ROSP d’équipe », qui viendrait en complément de la ROSP monopro. Il s’agirait « d’une rémunération optionnelle qui refléterait la prise en charge collective des patients ». L’accord ACI devrait donc être renégocié en prenant en compte ces pistes de réflexion. Nicolas Revel a annoncé l’ouverture d’une nouvelle négo pour les MSP « avant l’été ».

Formation pluripro des médecins

La "fédé" va également se pencher dans les mois qui viennent sur la problématique des systèmes d’information en MSP. « Il est compliqué aujourd’hui d’en avoir un seul qui corresponde à tous les usages » indique le Dr Pascal Gendry. Une réflexion doit s’engager entre l’Assurance maladie, l’ASIP-santé et les éditeurs de logiciels, a expliqué le président de la FFMPS.

La formation pluriprofessionnelle est un autre point noir qui freine l’engagement des professionnels dans des structures de type MSP. Le président du syndicat ReAGJIR (jeunes généralistes et remplaçants), le Dr Yannick Schmitt, en a apporté le témoignage lors d'une table ronde. « Je ne suis pas formé à la gestion de projets et je n’en ai jamais entendu parler durant mes études alors que je les ai terminées il y a à peine 5 ans », regrette le généraliste de Strasbourg. « Il faut que nous réfléchissions à la manière de vous accompagner dans ces projets », lui a répondu Nicolas Revel. La FFMPS demande notamment une valorisation de la fonction de coordination dans les maisons de santé pour épauler les professionnels qui se lancent dans de tels projets.


Source : lequotidiendumedecin.fr