Le discours prononcé à l’occasion de ses vœux aux acteurs de la santé le 29 janvier n’a duré qu’une vingtaine de minutes, mais le néo-ministre de la Santé et de l’Accès aux soins a défendu un cap clair : le Dr Yannick Neuder est déterminé à occuper et incarner pleinement son poste.
Retenu plus tôt dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale, le cardiologue est arrivé en début de soirée à Ségur, devant un petit parterre d’acteurs de la santé attentifs à ses propos. Certains ont eu le privilège d’être cités pendant son discours, à l’instar du directeur général de la Cnam Thomas Fatôme, du président de la commission des Affaires sociales du Sénat Philippe Mouiller (LR) ou encore du président de la Fédération de l’hospitalisation privée (FHP) Lamine Garbi.
Arrêter de subir
Malgré la tutelle de Catherine Vautrin aux manettes d’un super-ministère social (Travail, Santé, Solidarités, Familles), le Dr Neuder a répété qu’il était un ministre « de plein exercice », nonobstant des décrets d’attribution assez flous. À la tête de ce maroquin, l’Isérois promet un « engagement permanent », pour « la santé du quotidien, l’ensemble des patients et des soignants », afin de rompre avec « la spirale relativement négative » de l’instabilité, symboliquement représentée par les quatre ministres qui se sont succédé l’année passée. Quitte à se montrer ferme : « Je veux qu’on reprenne la main et qu’on arrête de subir ! », citant les fermetures d’établissements ou de services, à l’instar des crises sanitaires, comme exemples de déstabilisation.
Ses vœux étaient également l’occasion d’afficher sa volonté de travailler avec l’ensemble du secteur. « Soyons actifs, créatifs et innovants dans nos décisions », a-t-il enjoint, entendant « redonner un cap » pour avancer avec les « forces vives », dont « vous faites partie », a-t-il martelé. « Il ne tient qu’à nous de dépolitiser les sujets de santé, qui ne sont ni de droite, ni de gauche », a-t-il exhorté, dans une volonté d’agir sur le plan législatif.
La formation, priorité numéro 1
Le Dr Neuder a développé ses thèmes de prédilection, comme la formation des soignants : « mieux et davantage ». Un cheval de bataille qu’il compte mener sur plusieurs fronts : augmenter les capacités de formation pour les médecins et les paramédicaux d’ici à 2027 ; faciliter l’intégration des praticiens à diplôme hors Union européenne (Padhue) ; rapatrier les étudiants français actuellement dans des facultés étrangères ; trouver des lieux de stages pour les futurs docteurs juniors ambulatoires, qui étaient en grève le jour même.
Le tout, en lien avec les territoires, le deuxième axe prioritaire du cardiologue qui entend « être proche des lieux de vie », avec des déplacements prévus vendredi à Montpellier, puis la semaine prochaine à Rouen. Il se veut aussi proche des soignants, à qui il ambitionne de « simplifier la vie ». Cet objectif se traduira dans un volet du projet de loi de simplification prévu « avant l’été », mais aussi par voie réglementaire. La « tolérance zéro » vis-à-vis des agressions contre les blouses blanches et des violences sexistes et sexuelles (VSS) a été aussi érigée comme priorité, ainsi que la « quête de sens » des professionnels de santé.
Des sujets santé à dépolitiser
D’autres chantiers ont été mentionnés dans son intervention, faisant écho directement au projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), de retour à l’Assemblée nationale la semaine prochaine en séance publique, comme la prévention, avec l’idée de « semer pour récolter », y compris avec la vaccination contre la grippe, dont le taux est, selon lui, « encore trop faible » chez les patients, mais aussi les soignants.
Autres sujets sur la table : l’investissement dans le numérique et l’intelligence artificielle (IA) ; les soins palliatifs pour lesquels il entend veiller à ce qu'une enveloppe nécessaire à leur déploiement « partout et pour tous » soit allouée dans le budget Sécu ; sans oublier la réorganisation du système de santé à moyen terme, portée par un objectif de pluriannualité à l’horizon 2027 ; enfin, la santé mentale, saluant le rapport rédigé par Sandrine Rousseau (Écologistes) et Nicole Dubré-Chirat (Ensemble pour la République) sur les urgences psychiatriques.
Enfin, Yannick Neuder a salué l’adoption de la loi sur les ratios soignants/patients à l’hôpital émanant du sénateur et généraliste Bernard Jomier (app. socialiste), affirmant que la mesure est « bonne » mais ne « s’appliquera pas demain », car elle mérite d’être « chiffrée ». Avant d’ironiser sur les moyens alloués au ministère de la Santé, où « il n’y a pas de machine à billets »…
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