Médecin sapeur-pompier : les députés donnent leur feu vert à un statut spécifique

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Publié le 07/03/2025
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Pour sécuriser et rendre plus attractif le métier de médecin sapeur-pompier, une proposition de loi crée un nouveau statut spécifique. En France, près de 13 500 praticiens sont habilités à intervenir au sein des services d’incendie et de secours (SIS). La frontière avec l’exercice des urgentistes est fine.

Crédit photo : GARO/PHANIE

L’Assemblée nationale a approuvé jeudi 6 mars un texte instaurant un statut propre pour les médecins et autres personnels de santé engagés dans le corps des sapeurs-pompiers, avec l'ambition de valoriser ces métiers en manque d'attractivité. Adoptée à l'unanimité des votants (155 voix), cette proposition de loi était défendue par le MoDem dans le cadre de sa niche parlementaire.

Récompenser ce « petit supplément d’âme »

Intervenant à la fois auprès des victimes prises en charge qu'auprès des sapeurs-pompiers eux-mêmes, ces soignants ne bénéficient pas d'une reconnaissance spécifique dans la loi. « La médecine de sapeurs-pompiers n'est pas une médecine comme les autres. C'est une médecine de l'urgence et de la crise, une médecine polyvalente et plurielle » qui ne « correspond pas aux schémas traditionnels », a soutenu lors des débats le député MoDem Jean-Carles Grelier, rapporteur du texte, célébrant le « petit supplément d’âme et le petit supplément d’humanité » des sapeurs-pompiers. « Reconnaître à ces professionnels de santé la particularité de leur métier, leur offrir un statut, une formation adaptée, c'est aussi rendre plus attractives ces fonctions », a défendu l’élu de la Sarthe.

« La caractéristique de cette médecine est qu’elle associe en compétence et en aptitude : la médecine d’aptitude et de prévention, la médecine d’urgence pré-hospitalière et la médecine générale, lit-on dans l’exposé des motifs du texte de loi. Elle fait appel à des connaissances de santé publique qui en font une exception au sein du système de santé. »

Or, si les médecins des sapeurs-pompiers cumulent de fait sur le terrain toutes ses fonctions, ils n’y sont pas expressément autorisés par les textes en vigueur. À cette incertitude réglementaire s’ajoute une pression croissante sur cette profession, qui peine à recruter. Car si le nombre de sapeurs-pompiers augmente (près de 240 000 aujourd’hui volontaires et professionnels), les effectifs de médecins engagés dans ce corps ont chuté de plus d'un millier ces dix dernières années, selon les chiffres avancés par le rapporteur. En outre, les missions des sapeurs-pompiers ont « énormément évolué », celle du secours à la personne représentant 80 % de leur activité quotidienne.

Blancs, rouges et radis

Face à ce constat, l’objectif de la proposition de loi est de sécuriser le plus possible cette profession afin de la rendre plus attractive aux yeux des médecins et des autres professionnels de santé travaillant aux côtés des pompiers : près de 8 000 infirmiers, plus de 500 pharmaciens, 300 vétérinaires, 350 psychologues, etc.

Le texte définit d’abord les grands domaines dans lesquelles les 13 724 médecins du corps des sapeurs-pompiers sont habilités à intervenir, notamment la participation aux soins d'urgence lorsque c’est nécessaire, mais sans empiéter sur les compétences des médecins urgentistes – et risquer de relancer la vieille querelle entre les « blancs » et les « rouges ». « S’il représente une avancée dans la reconnaissance due aux services de santé des sapeurs-pompiers, ce texte n’enlève rien à ces femmes et hommes en blanc essentiels au bon fonctionnement de nos Samu et de nos services d’urgence », a insisté Jean-Carles Grelier en défendant sa PPL.

« Si les médecins qui travaillent à la fois pour le Sdis et le Samu sont surnommés les “radis” – anecdote amusante –, c’est sans doute pour souligner que les relations entre ces deux services ne manquent pas de piquant ! », a ajouté, amusé, le ministre de la Santé Yannick Neuder, présent aux débats.

Formation « adaptée » obligatoire

Dans le détail, le texte de loi acte aussi que les médecins pompiers assurent « des actes médicaux de diagnostic, de traitement aigu et de soins d’urgence ». Les actes de réanimation pré-hospitalière, initialement inscrits dans le texte, ont été retirés lors de l'examen en commission. La médecine des sapeurs‑pompiers comprend également la surveillance médicale spécifique au statut de sapeurs‑pompiers et la médecine de prévention. Ces professionnels « concourent » aussi à l’aide médicale d’urgence.

Un tronc commun de formation « adaptée » obligatoire pour ces professionnels de santé, dont le contenu reste à définir, a également été instauré par amendement du gouvernement. Pour le ministre de la Santé Yannick Neuder, ce texte représente un « progrès » pour ces professionnels de santé. « Je souscris pleinement à l’esprit de cette proposition de loi, qui permet de reconnaître et de valoriser les soignants et les médecins ainsi que tous les autres professionnels de santé qui s’engagent dans le corps des sapeurs-pompiers et étaient jusqu’à présent privés de reconnaissance légale – en cela, le texte est salutaire », a apprécié le cardiologue.

Il ne s’agit que de la première étape. Le texte devra poursuivre son examen au Sénat, où il n'est pas encore inscrit à l'agenda.

A.B-I. (avec AFP)

Source : lequotidiendumedecin.fr