Les libéraux de santé n’ont pas le moral. Selon un sondage présenté la semaine dernière, ils sont une immense majorité (94%) à se dire inquiets pour l’avenir de l’organisation des soins en France. Et, plus alarmant encore, ils sont encore très nombreux (85%) à se montrer complètement désabusés quant à l’avenir même de leur activité libérale. Les résultats de cette enquête Harris Interactive commandée par le Centre National des Professions de Santé n’ont malheureusement rien d’un scoop, tant la morosité des acteurs de santé se confirme, questionnaire après questionnaire. Si les blouses blanches broient du noir, c’est peut-être la morosité de la conjoncture qui l’explique. Au-delà, il faut craindre pourtant que cela révèle un rapport de plus en plus conflictuel aux contraintes et aux sujétions du système de santé. En période de primaires, il y a là de quoi inquiéter la classe politique…
Le constat est d’autant plus préoccupant que les grandes réformes de ces vingt dernières années qui prétendaient réorganiser le secteur et l’adapter aux défis de demain ont fait flop auprès des médecins. Le plan Juppé ? Tollé général. La réforme HPST de Roselyne Bachelot ? Incompréhension et protestations. Passons sur la dernière tentative, la loi de santé de Marisol Touraine qui, un an après son adoption, continue de susciter encore colère et ressentiment. Dans le détail, les nouveaux cadres ou concepts inventés ces dernières années n’ont d’ailleurs pas l’heur de plaire au monde de la santé. Le panel précité –qui comprend médecins, pharmaciens, dentistes et paramédicaux- juge sévèrement la mise en place du DPC, mais aussi l'instauration des URPS, la création des ARS, l’invention du DMP ou l’extension du tiers payant, toutes réformes jugées « inefficaces » par six à sept acteurs de santé sur dix ! L’enquête a fait l’impasse sur la réforme Douste-Bertrand. Mais, même si celle-ci est apparue à l’époque moins conflictuelle, il n’est pas dit qu’avec le recul –dans le contexte de surmenage actuel- le dispositif médecin traitant serait plébiscité…
Cet apparent négativisme pourrait donner l’impression que la santé est un bourbier irréformable. Et dans ce contexte, le risque existe de voir les politiques de tous poils préférer les solutions placebo aux remèdes de cheval. Pourtant, les libéraux n’ont visiblement pas perdu tout espoir d’être enfin entendus. A preuve, huit sur dix appellent de leurs vœux une nouvelle réforme du système de santé, un sur deux jugeant même celle-ci « prioritaire ». Mais comment ? Réponses (peut-être) dans les prochains mois…
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