Les recos s’entassent mais rien n’y fait. Quand elle ne meurt pas de maladie, une personne agée risque de succomber à une interaction médicamenteuse. Derrière les mots, des chiffres édifiants : 130 000 hospitalisations et 7 500 décès annuels des plus de 65 ans auraient pour origine la polymédication, selon la CNAM. C’est un fait, les seniors français consomment toujours beaucoup de médicaments – au moins 10 différents chaque jour pour un tiers des plus de 75 ans.
Consciente des enjeux, la profession s’est emparée du problème. Le sujet sera au cœur de plusieurs ateliers au congrès du Collège national des généralistes enseignants (CNGE), du 22 au 24 novembre à Montpellier. Les généralistes ne fuient pas leur responsabilité ; 80 % se considèrent comptables du contenu de l’ordonnance de leurs patients, y compris des traitements instaurés par des confrères, selon une enquête de la DREES (voir notre article page 12). S’ils se disent prêts à proposer de déprescrire, seul un tiers a déclaré le faire souvent. Le regard des patients a une grande influence sur le praticien, l’arrêt d’un médicament prescrit depuis longtemps pouvant être reçu comme un abandon de soin. La multiplicité des prescripteurs – généraliste(s), spécialiste(s), hospitalier(s) – n’arrange rien et induit un risque supplémentaire si l’information n’est pas partagée entre les confrères.
La difficile équation ne sera pas résolue uniquement grâce à la ROSP ou à des campagnes de communication. Il apparaît indispensable d’associer les généralistes à l’élaboration de recommandations transversales. Il est aussi essentiel de renforcer la coordination de tous les acteurs de santé en ville et à l’hôpital (médecins, pharmaciens, infirmiers, etc.). Et ce, sans attendre le dossier médical partagé (DMP), désespérément dans les limbes plus de 10 ans après son lancement.
Comment faire mieux ? En se reportant davantage à l’historique des remboursements via le logiciel métier ou Améli Pro, en s’appuyant toujours plus sur les pharmaciens pour détecter les interactions médicamenteuses. La qualité et la sécurité des prescriptions chez les personnes âgées passent enfin par la pédagogie. En 2014, la HAS donnait déjà ce conseil aux médecins : « Renforcez les compétences du patient pour gérer son traitement ».
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