« Les différentes composantes de la médecine ambulatoire de l’enfant sont en crise », selon l’Inspection générale des affaires sociales (Igas). Son rapport sur « La pédiatrie et l’organisation des soins de santé de l’enfant en France », commandé par le ministre de la Santé Olivier Véran, dresse un constat alarmant. En effet, actuellement, 44 % des pédiatres libéraux ont plus de 60 ans et huit départements connaissent une densité inférieure à un pédiatre pour 100 000 habitants.
Ainsi, ce sont les médecins généralistes qui assurent plus de 85 % des consultations de ville des enfants de moins de 16 ans. Mais, « leur formation à la médecine de l’enfant, même si elle a été récemment renforcée, reste hétérogène et insuffisante au regard de ce rôle prépondérant », pointe le rapport. De plus, « les missions assumées par les pédiatres de ville sont aujourd’hui proches de celles des médecins généralistes et leurs positionnements respectifs apparaissent peu complémentaires. »
Des inégalités toujours marquées
Le rapport de l’Igas, écrit avec l'appui du Pr Brigitte Chabrol, présidente du Conseil national professionnel (CNP) de pédiatrie, rappelle les nombreux dispositifs de suivi et de prévention de la santé des enfants, tels que « les examens obligatoires de l’enfant, les vaccinations obligatoires ou, plus récemment, le médecin traitant de l’enfant ». La création d’une rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP) liée au statut de médecin traitant de l’enfant (créé par la loi de modernisation du système de santé du 26 janvier 2016) a permis, en 2019, à 1 614 pédiatres de percevoir cette rémunération supplémentaire, pour un montant annuel de 881 euros.
Seulement, « ces dispositifs foisonnants ne parviennent pas, sauf exception, à toucher l’ensemble des enfants ». Ainsi, les inégalités sociales et territoriales restent marquées : la mortalité infantile est deux à trois fois plus élevée en Outre-mer qu’en Métropole et un enfant d’ouvrier a six fois plus de risques d’être obèse qu’un enfant de cadre.
La mission préconise alors « un recentrage des missions des pédiatres de ville et une meilleure identification du rôle des médecins généralistes en matière de santé de l’enfant, afin de valoriser les compétences de chaque spécialité, favoriser la complémentarité et la subsidiarité des interventions. » La mission du pédiatre de ville joue « un rôle de recours et d’expertise pour les autres professionnels de santé (et plus particulièrement pour le médecin généraliste) et assure le suivi de certaines maladies chroniques. » Ainsi, « son rôle de premier recours est recentré sur les enfants avec besoins particuliers ou présentant des facteurs de risques, pour lesquels il joue un rôle de coordination des soins. »
Une option santé de l’enfant au DES de MG
Le médecin généraliste formé à la santé de l’enfant est « l’acteur de proximité du suivi médical des enfants ne présentant pas de pathologie chronique ni de facteur de vulnérabilité, assurant tant le suivi préventif que les soins non programmés. » Selon l’Igas, « le renforcement et l’homogénéisation de la formation initiale et continue des médecins généralistes à la santé de l’enfant constituent des corollaires indispensables à leur rôle renforcé auprès des enfants ». C’est pourquoi la mission recommande « la création d’une option Santé de l’enfant au sein du DES de médecine générale » pour faciliter la lisibilité des compétences des praticiens, tant pour les familles que les professionnels, pour aller au-delà de la réforme de 2017, laquelle a introduit un stage obligatoire en santé de l’enfant (aussi parfois couplé mère/enfant).
De même, sont préconisés par le rapport : « la création de maisons de santé pédiatriques » et le « développement d’un axe "santé de l’enfant" au sein des CPTS » en intégrant notamment la PMI et la santé scolaire. Le rapport note également que « la rémunération des pédiatres libéraux figure parmi les rémunérations les plus faibles, comparées aux autres spécialités médicales, ce qui contribue au manque d’attractivité de la profession » et incite à employer des assistants médicaux, pour épauler à la fois les généralistes et les pédiatres dans leur exercice.
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