Dans les couloirs du Congrès du CNGE le week-end dernier, l'inquiétude était palpable chez les généralistes enseignants... Et beaucoup s’interrogeaient sur les conséquences pour la prévention de la mise en place d’un « bouclier » sanitaire, qui pourrait retarder l’accès aux soins. Peut-être parce qu’elle est la moins détaillée, cette mesure du programme de françois Fillon est celle qui fait le plus réagir parmi les représentants de la profession. L’introduction d’une franchise universelle en fonction des revenus, qui aurait sans doute vocation à remplacer l’actuel ticket modérateur et la franchise d’un euro chez le médecin, perturbe ainsi Jean-Paul Hamon : « C’est un authentique frein à l'accès aux soins », relève le président de la FMF.
François Fillon propose aussi la création d’un « panier de soins solidaire », dont seraient a priori exclus les soins de confort et, selon ses propres termes, la « bobologie ». Un chantier dont les conséquences préoccupent Claude Leicher : « Qui définit si un problème de santé est un petit ou un gros risque ? Quand un nourrisson a de la fièvre, on ne sait jamais au départ si cela va être un gros risque ou un petit risque, s’interroge le président de MG France. Le leader syndical observe que « François Fillon donne pour le reste peu de détails sur l’alourdissement de la masse financière des mutuelles. « Cela veut-il dire qu’on multiplie par 2 ou 3 la cotisation au régime complémentaire ? Les Français vont-ils accepter un système où la solidarité va en diminuant ? » Ce qui ne l’empêche pas de considérer qu’il y a des choses intéressantes dans son programme, notamment sur le rôle des médecins libéraux et l’encouragement à la création de MSP.
La place des mutuelles ?
Les syndicalistes expriment pourtant d’autres interrogations. Car, s’ils restent prudents et saluent même chez François Fillon une vraie volonté de changement, on aimerait aussi des garanties sur la redéfinition du panier de soins entre assurance maladie et complémentaires. « Je pense qu’il faut poser le problème du financement du système de santé, affirme par exemple Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF. Mais je suis prudent sur les solutions que François Fillon propose. Elles méritent d’être plus approfondies. Nous avons des craintes concernant la logique financière des assureurs complémentaires et la perte de notre liberté de prescrire et de bien soigner nos patients au quotidien. »
Une redistribution qui pourrait en effet être une petite révolution. L’UFML s’en inquiétait dès dimanche dans une lettre à François Fillon. Et ce n’est pas la seule. « On a suffisamment reproché à François Hollande et Marisol Touraine d’avoir maintenu des franchises. Le fait de réserver le petit risque aux mutuelles et assurances ne nous rassure pas du tout. Nous avons été suffisamment critiques sur les cadeaux faits aux complémentaires pendant quatre ans par le gouvernement actuel », alerte Jean-Paul Hamon. « Si François Fillon veut prendre des mesures drastiques pour réguler le système de soins, nous sommes cependant tout à fait d'accord avec lui », ajoute néanmoins le leader de la FMF.
« Règle d’or », pour quoi faire ?
S’il en est un qui ne cache pas son enthousiasme quant à l’élection du Sarthois, c’est éric Henry, président du SML. Il avait d'ailleurs reçu François Fillon lors du Congrès du syndicat en septembre 2015, qui avait fait un tabac à l’applaudimètre. « Je suis très satisfait de cette élection et je pense que François Fillon est prêt à réfléchir à son programme pour entrer dans ce que les gens attendent. » Pourtant, un point le tracasse : « C’est la règle d’or. Est-ce que ce sont les acteurs de la santé qui seront la variable d’ajustement ou tout le monde ? Il doit préciser cela. » Concernant la définition de la frontière entre mutuelle et assurance maladie, il est moins inquiet : « Il faut bien que les mutuelles servent à quelque chose. Aujourd'hui, le déficit de la Sécurité sociale fait les bénéfices des mutuelles. Si les mutuelles mettaient l’argent dans la santé il n y aurait plus de déficit. »
Le candidat de droite devra donc éclaircir certains axes s’il veut séduire les médecins. Jean-Paul Hamon souhaite d’ailleurs le rencontrer pour « améliorer un programme largement perfectible ». Sur France 2 lundi, le candidat a voulu rassurer, estimant que les plus modestes « ne seraient pas moins bien remboursés », et insistant sur sa volonté de rationnaliser le système. Et de promettre : « je vais travailler avec les professionnels de santé. »
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