Que restera-t-il du passage de Marisol Touraine au ministère de la Santé ? La question se pose, à plus d’un titre. D’abord, parce qu’elle a bénéficié du plus long bail jamais accordé à un locataire Avenue de Ségur. Ensuite, parce que l’incertitude est grande sur la couleur politique de son successeur. Enfin, parce que sa personnalité – sinon son bilan – a été particulièrement décriée, en tout cas par les libéraux de santé. Pourtant, il n’est pas sûr que son bilan soit menacé plus que cela. Ne serait-ce que, parce que, tout bien pesé, il est plutôt moins novateur que ceux de ses prédécesseurs. La « Madame Santé » de Hollande s’étant finalement davantage placée dans la continuité des politiques passées que sous le signe de la rupture. Juppé a fait les ARH, Bachelot les a transformées en ARS, Touraine les a confortées… Et la nouvelle convention qu’elle a avalisée n’a pas non plus bouleversé les règles du jeu. Qu’on s’en réjouisse ou qu’on s’en désole, la politique de santé de ces cinq dernières années se situe, en fait, dans la droite ligne des trois décennies précédentes.
Sur quelques réformes phares, la ministre a néanmoins laissé son coup de patte. Avec ce style bien à elle qu’on décrira au choix comme de la persévérance ou de l’obstination. L’IVG à 100 %, c’est elle. Les premières « salles de shoot », c’est encore elle. Le paquet neutre de cigarettes, c’est l’aboutissement d’une croisade personnelle. Les Groupements hospitaliers de territoire sont une volonté de rationaliser le monde hospitalier. Touraine – comment l’oublier ? –, c’est bien sûr aussi le chantier du TPG qui lui vaudra tant d’inimitiés. Que fera le prochain gouvernement de toutes ces innovations ? Parions qu’il ne tentera rien qui les remette vraiment en question. Ne serait-ce que parce qu’il n’est jamais facile de revenir sur des droits acquis ou des mesures symboles, surtout quand les lobbies sont en embuscade. Même l’extension du tiers-payant pourrait demain être conservée, moyennant un abandon de son caractère contraignant…
Le maintien probable des réformes entreprises pendant le quinquennat qui s’achève ne signifie évidemment pas le statu quo après les années Touraine. En matière de politique de prévention, de renouveau des règles d’exercice, de réorganisation territoriale de la santé ou de décloisonnement ville-hôpital, de nouvelles réformes seront sans doute tentées. Et le style ou la couleur politique du nouveau ministre ne changera probablement rien à l’affaire.
Éditorial
Touraine for ever ?
Publié le 07/04/2017
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Source : lequotidiendumedecin.fr
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