La crise sanitaire n’est pas finie, mais un nouveau bilan de l'action publique lors de celle-ci a paru mardi 18 mai. Après les rapports des commissions d’enquête du Sénat et de l’Assemblée nationale, les conclusions de la Mission indépendante nationale sur l’évaluation de la gestion de la crise Covid-19 et sur l’anticipation des risques pandémiques, commandée par le président de la République au mois de juin dernier, dresse le même constat d’échec : le niveau de préparation à la crise sanitaire s’est révélé insuffisant.
« Pénurie de masques de protection individuelle », « très lente montée en charge des capacités de test », « instabilité du pilotage opérationnel » autant de problématiques qui s’expliquent, comme le note la Mission présidée par l’épidémiologiste le Pr Didier Pittet, par des facteurs structurels tels la « fragilité du ministère chargé de la santé » et sa « gouvernance éclatée entre les principales directions », son « insuffisance dans les capacités stratégiques » et sa « faible capacité à piloter le réseau d’agences ».
Déficit d'image et de culture épidémiologique
S’ajoute à cela la « faiblesse historique de la santé publique » dont la « dispersion des équipes de recherche », le « déficit d’image et de légitimité de Santé publique France (SPF) », le « déficit de culture de prévention du risque infectieux tant chez les professionnels de santé que dans la population » et « les lacunes en matière d’épidémiologie de terrain et mauvaise répartition des ressources entre SPF et les ARS » ; ou encore le « déficit de compétence et d’entraînement en matière de gestion de crise ».
Les facteurs conjoncturels sont eux simples : les épidémies précédentes de coronavirus (SRAS 2003 et MERS 2012), ainsi que d’Ebola (2014) se sont déroulées en dehors du territoire national, « empêchant de capitaliser les enseignements ». Aussi, le traumatisme de l’épisode de la grippe H1N1 de 2009-2010, où les pouvoirs publics « ont été accusés d’avoir sur-réagi », ce qui « a été perçu comme un gaspillage d’argent public ». Enfin, la priorité « en matière de gestion de crise semble avoir été donnée au risque terroriste », après les attentats de 2015 et 2016, note le rapport.
L'engagement des acteurs a compensé le manque d'anticipation
La faiblesse récurrente de l’anticipation est aussi mise en exergue dans le rapport, notamment la « trop lente montée en charge des capacités de tests », et les confinements de mars et surtout de novembre 2020 « instaurés tardivement au regard des informations disponibles ». La complexité de la gouvernance et la centralisation excessive « ont fait perdre de l’efficacité au pilotage de la crise en même temps qu’elles nuisaient à l’acceptabilité des mesures ».
Mais le tableau n'est pas totalement noir. En effet, « les autorités ont su tirer les enseignements de leur expérience pour améliorer le pilotage au fil des mois » : meilleure communication, concertations avec les acteurs locaux, approche plus transversale… Le rapport tient également à souligner « la réactivité, l’engagement et la mobilisation des acteurs », qu’il juge « remarquables tout au long de la crise », ce qui a « souvent permis de compenser le manque d’anticipation des pouvoirs publics ».
40 propositions
La Mission formule 40 propositions pour : se préparer aux prochaines crises ; renforcer la santé publique, l’expertise scientifique et le pilotage de l’offre de soins ; et organiser un retour d’expériences à l’échelle des institutions et de la société et évaluer de manière approfondie les impacts de la crise.
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