L'incendie couvait depuis quelques jours et l'envoi du DGS-Urgent, dimanche dernier, privant les médecins de commandes de vaccins AstraZeneca résersés cette semaine aux seuls pharmaciens (autorisés à réaliser des injections à partir du 15 mars).
Les explications de la DGS (ministère de la Santé) n'ayant pas réussi à calmer la profession en colère, le Premier ministre a convié ce mercredi en fin d'après-midi les représentants des syndicats de médecins libéraux et du Conseil national de l'Ordre des médecins à participer à une réunion en visioconférence.
Lors de cet échange de plus d'une heure, Jean Castex, accompagné de son ministre de la Santé, a affiché sa volonté de « lever les malentendus et clarifier la situation concernant la livraison prochaine des vaccins ». « Le Premier ministre a rappelé l'importance des médecins généralistes dans la campagne de vaccination et sa volonté d'aplanir les choses », nous indique-t-on dans l'entourage du chef du gouvernement.
400 000 doses livrées aux médecins libéraux... mais non injectées
S'il est vrai que les fabricants de vaccins n'ont pas honoré dans les temps toutes les livraisons prévues (les projections d'approvisionnement d'AstraZeneca et Pfizer en mars et avril ont été revues à la baisse), le gouvernement espère cependant pouvoir rattraper ce retard rapidement. Et table sur l'arrivée de nouveaux vaccins (le vaccin Johnson & Johnson, notamment attendu en avril).
Si ce temps d'échange visait à un apaisement, il a aussi permis au Premier ministre de faire passer quelques messages aux médecins libéraux. Il leur a ainsi rappelé qu'il existait un delta de l'ordre de 400 000 doses entre les vaccins livrées à la profession... mais encore non injectées (Sur 850 000 doses délivrées en 3 semaines aux médecins de ville, 450 000 injections auraient été réalisées). Ce sujet des doses en latence avait déjà été présenté ce mercredi par le Pr Alain Fischer, président du Conseil d'orientation de la stratégie vaccinale, lors de son audition devant la commission des affaires sociales du Sénat.
Plus de transparence
Quoi qu'il en soit, Matignon a affiché sa volonté de renouer le dialogue sur des « bases apaisées » avec les médecins. Olivier Véran a pour sa part indiqué qu'il répondrait à l'Ordre, qui lui avait demandé lundi 8 mars, d'assurer les médecins de leur approvisionnement en vaccins, et s'était récemment inquiété dans nos colonnes du manque de doses. Le ministre de la Santé s'est engagé à « renforcer la transparence » et a ne pas écarter les médecins généralistes de la vaccination anti-Covid comme cela avait été le cas lors de la désastreuse campagne contre la grippe H1N1. Olivier Véran a demandé aux syndicats et à l'Ordre de faire bloc pour que la campagne vaccinale soit un succès.
Une organisation trop rigide, selon le SML
Au terme de cette réunion virtuelle, le président du Syndicat des médecins libéraux (SML), le Dr Philippe Vermesch, se montrait circonspect. « Le Premier ministre a manifesté son intention de recoller les bouts et assure que la campagne ne réussira pas sans les médecins, c'est une bonne choses, a-t-il reconnu. Pour autant, je ne sors pas soulagé de cet échange. » Le syndicaliste reproche le manque de souplesse de l'organisation de la délivrance de vaccins. « Le ministère s'oppose à ce que les pharmacies constituent des stocks pour approvisionner les médecins qui demanderaient des flacons supplémentaires, c'est à mon sens une erreur stratégique. »
Le reproche fait aux médecins d'avoir thésaurisé des doses est selon lui, un mauvais procès. « Heureusement que certains ont gardé un flacons sinon, ils n'auraient pas pu vacciner la semaine prochaine », lâche-t-il. Le succès de la campagne reposera bien sûr sur l'engagement des professionnels de santé. Mais il dépendra aussi et surtout de l'approvisionnement en vaccins.
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