Deux études ont montré l’intérêt d’associer des inhibiteurs du PD-L1 à la chimiothérapie en première ligne de traitement des carcinomes épidermoïdes de l’œsophage (CEO) localement avancés ou métastatiques, dans lesquels la survie reste actuellement inférieure à un an.
Trois mois de survie en plus avec le camrelizumab
L’étude chinoise ESCORT 1 (1) a comparé, parmi 596 patients, l’impact de la chimiothérapie seule (paclitaxel et cisplatine) à son association au camrelizumab, un anti-PD1, dans les cancers non résécables, récidivants ou métastatiques, en première ligne de traitement.
Après un suivi médian de 10,8 mois, la combinaison camrelizumab et chimiothérapie a significativement amélioré les deux critères principaux : la survie globale (SG) atteint 15,3 mois (versus 12 mois, p = 0,0010) et la survie sans progression (SSP) 6,9 mois (versus 5,6 mois, p < 0,0001). Le pourcentage de patients répondeurs était de 72,1 % versus 62,1 %, et la durée de la réponse médiane de 7 versus 4,6 mois. Ce bénéfice pourrait amener à faire de cette association un des traitements standards de première intention.
Le profil de sécurité s’avérait acceptable dans ce contexte, avec des effets indésirables (EI) de grade 3 similaires dans les deux groupes. Les EI graves concernaient 30,2 % des patients recevant l’association (versus 23,2 % sous placebo), et 3 % (versus 3,7 %) de décès étaient rapportés.
Le nivolumab au rendez-vous
En seconde ligne de traitement du CEO localement avancé ou métastatique, le nivolumab a déjà démontré sa supériorité en termes de SG, comparativement à la chimiothérapie. Mais cette fois-ci, en première ligne, l’étude internationale CHECKMATE 648 (2) a évalué l’association nivolumab (anti-PD1)/chimiothérapie (fluorouracil + cisplatine) et la double immunothérapie (nivolumab + ipilimumab), par rapport à la chimiothérapie seule. Les 970 patients inclus ont été stratifiés en fonction de l’expression, ou non, de PD-L1.
Après au moins 13 mois de suivi, les associations chimiothérapie/nivolumab et nivolumab/ipilimumab augmentent significativement la SG (13,2 et 12,8 versus 10,7 mois) par rapport à la chimiothérapie, quel que soit le statut PD-L1. Le bénéfice sur la SSP est également significatif chez les patients exprimant le PD-L1 (PD-L1+) sous nivolumab/chimiothérapie versus chimiothérapie seule (6,9 versus 4,4 mois, p = 0,0023), mais pas dans la cohorte globale. Quant à l’association nivolumab/ipilimumab, elle n’atteint pas l’objectif sur la SSP, que la tumeur exprime ou non le PD-L1. Chez les patients PD-L1+, le taux de réponse est de 53 % sous nivolumab/chimiothérapie, de 35 % avec la double immunothérapie et de 20 % avec la chimiothérapie seule. Sur l’ensemble de la cohorte, il atteint respectivement 47 %, 28 % et 27 %. La durée de réponse est plus longue sous nivolumab/chimiothérapie ou nivolumab/ipilimumab, versus chimiothérapie seule, que ce soit chez les patients PD-L1+ (respectivement 8,4 ; 11,8 et 5,7 mois) que dans la cohorte globale (8,2 ; 11,1 et 7,1 mois). Il n’y a pas d’alerte particulière concernant la tolérance. « Ce deuxième essai confirme la place que devrait prendre l’association de l’immunothérapie à la chimiothérapie en première intention, conclut la Dr Sarah Watson, Institut Curie (Paris). Une sous-population pourrait probablement bénéficier d’une double immunothérapie sans chimiothérapie ».
(1) Xu R H et al. Abstract 4000
(2) Chau I et al. Abstract LBA4001
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