Dermatoses chroniques

Eczéma, lésions post-cancer..., la dermatologie en cure

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Publié le 13/01/2020

Une dynamique s’est mise en place autour des établissements thermaux en lien avec les professionnels de santé et de dermo-cosmétique pour optimiser et faire évoluer la prise en charge des patients souffrant de dermatoses chroniques.

L’eczéma est une des principales indications de cure thermale
Crédit photo : Phanie

Les dermatoses chroniques au premier rang desquels l’eczéma et le psoriasis sont les principales indications de cure thermale. La prise en charge des séquelles de brûlures est également intéressante de même que celle des cicatrices post-cancer qui s’est développée plus récemment dans certains établissements thermaux.

Les bienfaits des eaux thermales sur la peau lésée sont désormais reconnus. La station thermale d’Uriage, avec laquelle collabore la Pr Marie-Thérèse Leccia (chef de service de dermatologie au CHU de Grenoble), a mené un certain nombre d’essais cliniques pour évaluer l’impact de l’eau thermale sur le microbiome cutané, les signes inflammatoires cutanés et fonctionnels en cas d’eczéma ainsi que sur les effets cutanés secondaires des traitements anticancéreux (peau sèche, érythème, fissures et crevasses). Dans l’étude prospective Thederma DA, 332 patients (enfants et adultes) atteints d’eczéma, ont été traités et évalués 3 saisons consécutives à la cure thermale d’Uriage-les-Bains. Les résultats ont démontré l’effet significatif des soins sur les lésions d’eczéma évaluées par le Scorad, le score du prurit et la qualité de vie des patients (p<0,001). L’étude Oncothermes a inclus 112 patients en rémission complète après traitement d’un cancer du sein associant le plus souvent chirurgie, radiothérapie et chimiothérapie plus un traitement hormonal. Les soins thermaux ont été proposés durant 2 saisons et ont permis d’améliorer significativement les effets secondaires des traitements et la qualité de vie des patients.

L’étude Psothermes

« Le nombre d’études cliniques contrôlés menées à l’échelon local ou national est encore trop limité en dermatologie », regrette la Pr Leccia. Concernant le psoriasis, une étude nationale coordonnée par la Pr Marie Beylot-Barry, dermatologue et vénérologue au CHU de Bordeaux, a été mise en place avec l’AFRETh. Son objectif : évaluer l’amélioration de la qualité de vie des personnes souffrant de psoriasis en plaques suite à une cure thermale. Cette étude se déroule dans les stations à orientation dermatologique comme Molitg, Avène, Saint-Gervais, Uriage et La Roche-Posay. Les patients sont répartis en deux groupes afin de permettre une évaluation comparative, cure immédiate/cure différée. Un psoriasis en plaques présent depuis au moins 1 an et avec un traitement stable depuis 6 mois est un critère incontournable pour l’inclusion des patients dans l’étude. La cure comprend les soins thermaux dermatologiques et une surveillance régulière. Une évaluation est réalisée à 4 mois et demi, 6 mois, 9 mois et 12 mois pour apprécier l’évolution clinique de la maladie et recueillir des informations sur la consommation de soins. L’étude n’est pas encore terminée en raison d’une certaine difficulté à recruter des patients (liée essentiellement à leur disponibilité). Les résultats sont très attendus.

Un partenariat a également été développé entre les thermes d’Uriage et les services de gynécologie et de dermatologie du CHU de Grenoble pour la prise en charge des femmes opérées de cancer du sein tant sur le plan cutané cicatriciel que sur les dimensions de bien-être et d'accompagnement après le cancer. « Il s’agit de faire profiter aux patientes de soins d’accompagnement indispensables pour assurer la guérison et de leur permettre de retrouver un équilibre à la fois physique et psychique et une certaine confiance en elles, souligne la Pr Leccia, et ce, grâce à un partage de compétences entre professionnels, et une collaboration active pour le bien-être des patients ».

L’éducation thérapeutique

« Le thermalisme a su innover face aux attentes de la société en prenant en considération les dimensions bien-être mental et physique, nutrition, activités physiques, relaxation, éducation qui complètent et accompagnent la prise en charge médicale des patients, quelle que soit la pathologie concernée, se réjouit le Pr Leccia. Des dimensions que le milieu hospitalier tel qu’il est structuré et organisé aujourd’hui ne peut pleinement apporter. Pourtant c’est essentiel en raison du caractère chronique de ces pathologies ». L’établissement thermal d’Uriage est très impliqué dans l’éducation thérapeutique en lien avec la dermatologie ou d’autres domaines (rhumatologie). Les patients peuvent ainsi bénéficier d’un certain nombre d’ateliers thématiques communs à plusieurs pathologies chroniques ou plus spécifiques aux atteintes cutanées.

Dr Isabelle Stroebel