Cancers gynécologiques en Europe, une priorité

La France plutôt bonne élève

Publié le 06/03/2014
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Crédit photo : S Toubon

En Europe, le cancer du sein se place en tête des cancers féminins en terme d’incidence, suivi des cancers du corps utérin et de l’ovaire : 500 000 nouveaux cas de cancer du sein sont diagnostiqués chaque année, soit 15 000 décès par an.

En France, c’est également le cancer du sein qui détient la palme. Avec 48 763 nouveaux cas estimés en 2012 *, c’est le cancer le plus fréquent chez la femme. En revanche, si l’on compare l’incidence des cancers du corps utérin (endomètre), de l’ovaire, et du col de l’utérus en France à l’ensemble des pays européens, l’hexagone est plutôt bon élève.

De fortes disparités entre les pays européens

Dans le détail, lorsque l’on considère chacun des quatre principaux cancers féminins, l’incidence et la mortalité varient, le plus souvent, en fonction de la situation économique et sociale des pays européens. En France, la mortalité du cancer du sein - cancer désormais détecté à un stade précoce et mieux traité - est maîtrisée. Mais, son incidence reste trop élevée : la France est le 3e pays, après la Belgique et le Danemark ayant le plus de cas de cancer du sein. « Globalement, les pays les plus riches de l’Europe sont ceux qui ont le plus de cancer du sein. Mais les pays les moins riches - qui ont moins de cancer du sein - ont paradoxalement une mortalité bien plus élevée pour ce cancer (Ukraine, par exemple) », note le Pr Mathelin, chirurgien, responsable de l’unité de sénologie à l’hôpital de Hautepierre, à Strasbourg.

Quant au cancer de l’endomètre, son incidence reste faible en France (7 275 nouveaux cas estimés en 2012*). « Ce sont les pays européens les moins riches qui observent le plus de cas de cancer de l’endomètre. Le Luxembourg fait, toutefois, figure d’exception parmi les pays les plus riches puisque l’incidence de ce cancer y est élevée. Nous ne pouvons actuellement expliquer ce constat », précise le Pr Mathelin.

La France est, par ailleurs, bien placée parmi les pays européens pour ce qui concerne le cancer du col utérin, avec 3 028 nouveaux cas en 2012 *. Une faible incidence imputable notamment, à la vaccination et au frottis, bien intégrés dans les pratiques médicales. « Là encore, ce sont les pays les moins riches (Roumanie en tête) qui ont le plus de cas de cancer de l’utérus et le plus de mortalité », indique le Pr Mathelin.

Autre cancer, celui de l’ovaire dont l’incidence reste faible en France (4 615 nouveaux cas estimés en 2012), comme dans les pays les plus riches en Europe, excepté le Royaume-Uni où le cancer de l’ovaire reste très fréquent et induit une forte mortalité. « Comme l’exception luxembourgeoise, nous n’expliquons pas l’incidence et la mortalité élevées du cancer de l’ovaire au Royaume-Uni », regrette le Pr Carole Mathelin.

Les perspectives d’avenir

Dans les dix prochaines années, l’ensemble des cancers féminins - et notamment le cancer du sein - verront leur incidence augmenter. Évolution de la démographie oblige : la population européenne sera plus nombreuse et plus âgée. « Le cancer le mieux maîtrisé, en terme de mortalité, sera le celui du col de l’utérus grâce aux politiques vaccinales, de prévention en Europe. Ce qui semble important, pour les responsables médicaux de l’Europe, c’est d’essayer de comprendre les disparités entre pays et les constats que nous n’arrivons pas encore à expliquer, tels que les fortes incidences du cancer de l’endomètre au Luxembourg et du cancer de l’ovaire au Royaume-Uni. Il faudra, pour cela, renforcer l’épidémiologie analytique par le biais des Big Data : ces programmes mathématiques nous permettrons de croiser un certain nombre de données médicales et épidémiologiques pour obtenir des pistes explicatives. Mais aussi, tenter de réduire les inégalités sociales en Europe et renforcer les programmes de coopération intra et extra-communautaires pour lutter contre les cancers gynécologiques », conclut le Pr Mathelin.

* Estimation nationale de l’incidence et de la mortalité par cancer en France entre 1980 et 2012 - partie I - Tumeurs solides, InVS ; FRANCIM ; Hôpitaux de Lyon ; INSERM CépiDc, juillet 2013.

Hélia Hakimi-Prévot

Source : Le Quotidien du Médecin: 9307