Le remboursement du vaccin HPV chez les garçons est effectif en France depuis janvier 2021. Si le vaccin est recommandé chez les jeunes filles depuis près de 15 ans sur le territoire, ce n'est qu'en décembre 2019 que la Haute Autorité de santé (HAS) s'est prononcée en faveur de l'élargissement à tous les garçons de 11 à 14 ans révolus (deux doses) avec un rattrapage possible pour tous les adolescents et jeunes adultes de 15 à 19 ans révolus (trois doses). Il était naturel que la France s’inscrive dans cette démarche : la vaccination HPV a été introduite chez les garçons en Australie dès 2013 et dans 33 pays à ce jour.
Pour le Dr Joseph Monsonego, gynécologue à Paris, élargir la vaccination aux garçons est tout à fait justifié car ils sont le plus souvent « des transmetteurs silencieux ». Ils présentent par ailleurs des pathologies HPV induites dont la nature dépend des types de virus concernés. Les papillomavirus 6 et 11 dits à bas risque sont responsables des condylomes acuminés génitaux et anaux, une pathologie bénigne qui concerne l’homme et la femme.
Quelque 100 000 cas sont répertoriés chaque année, répartis à parts égales entre les deux sexes et avec une prévalence dominante autour de 20-25 ans. Ces lésions, parfois extensives mais bénignes, au fort taux de transmissibilité, perturbent considérablement la vie des couples car elles sont difficiles à traiter et récidivantes. C’est dire combien la vaccination anti-HPV est pertinente puisque le vaccin actuel, qui inclut les papillomavirus 6 et 11, entraîne une protection quasi complète (plus de 90 %) contre ces lésions.
L’homme est transmetteur potentiel toute sa vie
Les papillomavirus à haut risque, en particulier l’HPV 16, peuvent entraîner chez l’homme des lésions cancéreuses au niveau de l’anus et de l’oropharynx. Environ 6 300 nouveaux cas de cancers HPV associés sont enregistrés dans les deux sexes chaque année en France, dont 1 600 au niveau anal et 1 700 au niveau de l’oropharynx. L’homme est moins concerné que la femme si l’on considère le nombre de cas de cancers HPV associés, un tiers des cancers HPV induits étant observé chez l’homme.
Cependant, à l’inverse de la femme pour laquelle l’incidence de l’infection HPV diminue progressivement avec l’âge, l’homme est transmetteur potentiel toute sa vie, avec une incidence de l’infection qui demeure constante. La vaccination des garçons permet ainsi, en réduisant la circulation du virus, de protéger les filles contre les infections à HPV et leurs conséquences. Cet effet prend son importance, alors que la couverture des jeunes filles demeure faible en France.
Les données de la pénétration de la vaccination HPV dans le monde sont connues avec plus de 380 millions de doses distribuées. L’impact du vaccin a ainsi pu être mesuré et démontré en vie réelle sur de très larges échantillons, non seulement en termes d’efficacité mais aussi de sécurité. La preuve est faite que le vaccin HPV protège des lésions précancéreuses depuis plusieurs années et, pour la première fois en 2020, du cancer invasif du col. « Selon une étude suédoise récente, le vaccin quadrivalent, administré avant 17 ans, confère une protection de 88 % chez les jeunes femmes de moins de 30 ans, par rapport aux non vaccinées », rappelle le Dr Monsonego.
Le gynécologue parisien insiste aussi sur l’extrême rareté des événements de type auto-immun abusivement ou faussement rapportés à la vaccination et précise que le bénéfice/risque reste très largement favorable. Enfin, il regrette les retombées négatives du Covid-19 en termes de prévention sur la couverture vaccinale des jeunes filles, qui est passée de 30 à 22 % environ en un an.
Chez les garçons, dans les pays qui ont introduit la vaccination à large échelle depuis quelques années, les condylomes acuminés ont pratiquement disparu. En France, l’impact de la vaccination HPV du jeune garçon devrait être connu à court terme pour ces lésions, ces dernières apparaissant rapidement.
Concernant le cancer anal ou le cancer oropharyngé, l’impact ne pourra être mesuré que sur le long terme en raison de leur apparition très tardive après l’exposition. Mais, pour le cancer oropharyngé, des données concordantes à l'international font déjà état d’une chute très importante de la présence du virus au niveau de la cavité oropharyngée chez les vaccinés par rapport aux non-vaccinés.
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