« Physiopathologiquement, l’athérosclérose a une part inflammatoire », a rappelé le Pr François Roubille. C’est sur la base de ce rationnel qu’a été menée l’étude CANTOS, qui avait démontré les bénéfices du canakinumab, un anticorps anti-IL1, chez des patients coronariens stables. Le développement dans la sphère cardiovasculaire de cet anticorps monoclonal, dont l’utilisation dans l’étude CANTOS s’était accompagnée de la survenue de sepsis graves et à l’inverse d’une baisse du risque de cancer bronchique, n’a toutefois pas été poursuivi. Mais la preuve du concept, « cibler l’inflammation », était apportée.
L’idée d’utiliser la colchicine, vieux médicament isolé en 1820, est partie de ce même concept, mais non plus dans un contexte de maladie coronaire stable mais chez des patients dans les 30 jours après un syndrome coronaire aigu. L’étude COLCOT, dont les résultats ont été dévoilés fin 2019 lors du congrès de l’American heart association, a randomisé plus de 4 500 patients pour recevoir de la colchicine à la posologie de 0,5 mg/ jour (soit la moitié de celle utilisée dans la goutte) ou un placebo. Le critère primaire d’évaluation associait les décès cardiovasculaires, les arrêts cardiaques ressuscités, les infarctus du myocarde, les accidents vasculaires cérébraux et les réhospitalisations urgentes pour angor nécessitant une revascularisation.
La randomisation a eu lieu assez rapidement, en moyenne 13 jours après l’événement aigu.
Les bénéfices du traitement par la colchicine sont très nets, avec un recul de près de 2 ans : baisse de 23 % du critère primaire (p = 0,02) en intention de traiter et de 29 % en analyse perprotocole (=0,004).
« La tolérance a été bonne, avec une plus grande fréquence des nausées et flatulences, mais pas de la diarrhée », a rapporté le Pr François Roubille. Le nombre de perdus de vue a été très faible et le seul effet secondaire à surveiller est les pneumopathies.
Des résultats positifs donc, observés sur une population de patients coronariens classique : un tiers d'entre eux fumaient, la moitié étaient hypertendus, ils étaient très bien traités (aspirine, bithérapie antiplaquettaire et statine dans respectivement 99 %, 98 % et 99 % des cas).
Ces résultats doivent être confirmés (une autre étude étant en cours). Le suivi dans COLCOT était en effet relativement court, de 23 mois, et l’impact à long terme du traitement par la colchicine n’est pas connu. « Mais ils ouvrent la voie à un traitement ciblant l’inflammation, qui présente l’avantage de son faible coût, ce que devrait confirmer l’analyse médico-économique en cours », a conclu le Pr Roubille.
D’après la communication du Pr François Roubille, Montpellier.
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