L'Afrique est en ébullition. Le continent est en pleine transition à tous points de vue : démographique, sanitaire, socioéconomique et politique. L'équipe de l'anthropologue Enguerran Macia (CNRS/UMI environnement, santé, sociétés) s'est intéressée aux mutations alimentaires qui s'opèrent au Sénégal. Pour cela, elle a mené deux études : l'une dédiée aux habitudes alimentaires et aux maladies chroniques, incluant 1000 adultes à Dakar et 500 dans la communauté rurale de Téssékéré (située dans le Ferlo, région du nord, à 5 heures de route de Dakar). L'autre étude est axée sur l'analyse du microbiote intestinal de 60 couples mères-enfants de 0 à 3 ans : la moitié vivant à Dakar et l'autre à Téssékéré.
Ces études comparent deux environnements distincts. Celui de la ville de Dakar, dotée de 8 hôpitaux, où plus de 80 % des foyers ont accès à l'électricité et à l'eau courante et où 21 % de la population est analphabète. Et celui de Téssékéré, communauté rurale où la population n'a pas accès à l'électricité, doit chercher l'eau au forage et ne bénéficie que d'un dispensaire tenu par un infirmier. La population y est en grande majorité Peule (peuple de pasteurs transhumants).
Sécheresse de 1973-74
« Chez les Peuls, les déjeuners sont essentiellement composés de riz et de niébé (haricot rouge). Un plat qu'ils agrémentent d'huile de palme, de sel et de bouillons cube. Cette population consomme ainsi essentiellement des féculents, des matières grasses et du sodium ; les maladies chroniques s'y répandent, notamment l'obésité et l'hypertension, explique Enguerran Macia. Durant les années 1973 et 1974, le Sahel a été frappé par une grande sécheresse, qui a modifié l'agriculture. La consommation ancestrale de mil (riche en calcium, fer, magnésium, zinc et vitamines) a notamment laissé place au riz, plus calorique. » Malgré la Grande muraille verte (projet de reboisement et de développement du Sahel, lancé en 2007), l'acheminement de légumes jusque dans les campagnes se fait rare.
« À Dakar, l'alimentation est moins monotone que dans le Ferlo et la consommation de légumes plus importante. Néanmoins, de plus en plus de fast food s'y implantent. Ils attirent notamment les jeunes générations qui ont tendance à délaisser l'alimentation traditionnelle de leurs familles pour des manières plus occidentales », ajoute Enguerran Macia. Dans ces conditions, l'obésité prend également de l'ampleur à Dakar.
Entretien avec Enguerran Macia, 13 e École de la SFN
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