Le sommeil est un phénomène physiologique vital qui joue notamment un rôle dans la régulation des fonctions métaboliques.
Les liens entre le temps de sommeil, qui a été considérablement réduit au cours des dernières décennies, et le risque de maladies chroniques, ont été bien mis en évidence dans l’étude prospective européenne Epic. Après ajustement sur l’âge et le sexe, l’association suit globalement une courbe en J : le risque de maladies chroniques, de diabète, mais aussi d’infarctus du myocarde ou d’accident vasculaire cérébral est augmenté en cas de durée de sommeil inférieure à 6 heures ou, à l’inverse, supérieure à 9 heures.
Cette association délétère est retrouvée dans une méta-analyse de 36 études épidémiologiques portant sur plus d’un million de personnes : le risque relatif de développer un diabète de type 2 (DT2) est de 1,48 pour un temps de sommeil de 5 heures ou moins et de 1,36 pour un temps de sommeil de 9 heures ou plus. Il en est de même dans une méta-analyse d’essais prospectifs, qui montre que le risque de diabète est minimal pour une durée de sommeil de 7,7 heures.
L’effet négatif d’un temps de sommeil court s’observe également chez les enfants, comme l’a souligné une étude menée au Québec sur une cohorte de 422 enfants âgés de 5 à 10 ans : un temps de sommeil court multiplie par 3,45 le risque d’obésité et ce d’autant plus avec un niveau socio-économique bas (risque multiplié par 1,41), la sédentarité (risque multiplié par 2,08) ou encore l’obésité parentale (risque multiplié par 2,99).
Trois fois plus fréquent
Les données colligées dans le cadre de la vaste étude des infirmières aux États-Unis ont montré que les troubles du sommeil aussi sont un facteur de risque de DT2. Quelle que soit la durée du sommeil, sa qualité joue aussi un rôle dans la survenue d’un syndrome métabolique et le développement d’un DT2.
Pathologie du sommeil parmi les plus connues et les plus fréquentes, le syndrome d’apnées obstructives du sommeil (SAOS) touche particulièrement les personnes diabétiques. « Sa prévalence serait de 58 % à 75 % chez les DT2, comparativement à environ 20 % dans la population générale », a rappelé la Pr Véronique Kerlan (Brest). Les formes sévères, définies par un index apnées-hypopnées de plus de 30 par heure, sont surtout rapportées chez les diabétiques en surpoids et obèses et dont le diabète est ancien. Inversement, la prévalence du diabète est multipliée par 2 chez les sujets ayant un SAOS.
Dans la cohorte européenne d’apnées du sommeil, le taux d’HbA1c était positivement corrélé à la sévérité du SAOS, également associée à un risque accru de complications micro- et macrovasculaires du DT2.
À rechercher systématiquement
Ces liens entre SAOS et DT2 ont conduit la Société francophone du diabète à publier en 2018, avec d’autres sociétés savantes, une prise de position sur la prise en charge du SAOS chez les personnes diabétiques. Les experts ont en particulier mis l’accent sur le repérage en consultation, au moyen de questionnaires simples, des diabétiques à risque de SAOS et sur la nécessité d’un dépistage, même en l’absence de symptômes fonctionnels, dans certaines situations : HTA résistante, complications rénales ou rétiniennes ou forte insulinorésistance.
SFD 2020. Session ABS-98 « Trouble du sommeil et risque de diabète »
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