Schéma thérapeutique du VHC

Le télaprévir deux fois par jour

Publié le 21/03/2013
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« AUJOURD’HUI, la plupart des centres experts dans le domaine du VHC ont déjà modifié les conditions de délivrance du télaprévir (Incivo) en passant d’une prise toutes les huit heures à deux prises par jour. Pour les patients, c’est un progrès considérable qui ne peut que favoriser une meilleure observance », souligne le Pr Christophe Hézode (Créteil).

Dans le cadre d’une trithérapie anti-VHC, on associe aujourd’hui trois médicaments : l’interféron, la ribavirine et un inhibiteur de la protéase (télaprévir ou bocéprévir). Pour celui-ci, la prise devait s’effectuer toutes les huit heures. « C’était très contraignant. La première prise avait lieu vers 7-8 heures : relativement facile car elle correspondait petit-déjeuner. La deuxième, vers 15-16 heures, était plus compliquée, certains patients devaient utiliser une alarme.Enfin, la troisième, vers 22-23 heures, n’était pas non plus toujours simple, surtout avec les effets secondaires de l’intérferon et de la ribavirine : les patients étaient parfois fatigués et devaient attendre leur prise de télaprévir avant de pouvoir aller se coucher. Et cela les obligeait à prendre une alimentation grasse après leur dîner », explique le Pr Hézode.

Ce schéma thérapeutique a été remis en cause avec les résultats d’une large étude internationale lancée en 2011 sous la coordination de Maria Buti (Barcelone) avec la collaboration de plusieurs centres experts, dont celui d’Henri Mondor. « Au total, 700 patients ont été inclus dans cette étude de non-infériorité : un groupe continuait le télaprévir 2 cp/8h, l’autre prenait 3 cp/X2/j, le matin et le soir. Tous les patients de l’étude étaient infectés par le génotype 1 et n’avaient jamais été traités. Parmi eux, un tiers avait une maladie sévère (15 % de patients cirrhotiques) », indique le Pr Hézode. La durée de traitement a été de 24 et 48 semaines. « Cette durée est liée à la réponse virologique rapide (vitesse à laquelle l’ARN devient indétectable). Si le virus est encore détectable à la quatrième semaine, le patient est traité durant 48 semaines, sinon, il est traité 24 semaines. Ce qui a été le cas pour les deux tiers des patients. » La prise du télaprévir (comme celle du bocéprévir) est dans tous les cas limitée à 12 semaines, le relais étant assuré par bithérapie.

L’étude a montré que le passage à deux prises par jour n’avait aucune incidence sur l’efficacité du traitement. « Dans les deux groupes, on a obtenu un taux de guérison d’environ 75 %, ce qui est tout à fait exceptionnel », souligne le Pr Hézode qui estime que les enseignements de l’étude doivent être pris en compte sans attendre. « L’étude a été présentée en novembre 2012 au congrès américain mais en tant que signataire du papier, j’ai pris connaissance des premiers résultats en juin. Et depuis, tous mes patients sont passés à deux prises de télaprévir par jour. Aujourd’hui, dans certains centres non-experts, des prescripteurs attendent encore la modification officielle de l’AMM. Mais je pense que cela n’est pas nécessaire et on peut d’ores et déjà conseiller de généraliser ce schéma dans l’intérêt des patients », indique le Pr Hézode.

D’après un entretien avec le Pr Christophe Hézode, responsable de la prise en charge des hépatites virales au sein de l’hôpital Henri Mondor, à Créteil.

 Antoine DALAT

Source : Le Quotidien du Médecin: 9228