LA CONSTIPATION EST DÉFINIE par moins de trois selles par semaine ou une exonération jugée difficile (avec une évacuation non satisfaisante) ou les deux symptômes à la fois. En première ligne de traitement, les mesures hygiéno-diététiques : défécation à heures fixes (à peu près !), après le petit déjeuner (pour déclencher le réflexe gastro-colique), sans précipitation… et une alimentation riche en fibres. Elles font toutefois l’objet d’un certain nombre d’idées reçues, mises à mal par les recommandations françaises. Ainsi, boire plus que les 1,5 l par jour conseillés pour le bon fonctionnement de l’organisme ne modifie ni la fréquence des selles ni leur consistance, l’eau étant absorbée bien en amont. Aucun bénéfice démontré non plus de l’activité physique (même régulière) sur la constipation. Modérée à vigoureuse, elle diminue les flatulences d’un colon irritable.
Le son.
Le défaut de résidus, de fibres, est une cause bien identifiée de constipation idiopathique et, à l’inverse, l’addition de fibres alimentaires permet de prendre moins de laxatifs. Le traitement de première intention d’une constipation est par conséquent diététique, avec des aliments riches en fibres, au moins 15 g par jour, atteints progressivement en quelques jours pour éviter les ballonnements. Mieux vaut compter sur les fibres de céréales, autrement dit le son, dans le pain de blé complet (où l’enveloppe, le son, est en partie conservée) qui contient 6 à 12 % de son ou pain de son (plus riche en son, autour de 12 %), les pruneaux ou les haricots secs. Le son de blé peut s’acheter (en paillettes) au rayon diététique et, saupoudré, à la dose de 3 cuillerées à café par jour, sur une salade, un yaourt ou une viande, s’intègre naturellement dans l’alimentation. Gare à la composition des fibres de céréales du petit déjeuner, parfois associées à des ingrédients trop énergétiques…
Légumes verts et pruneau.
Le pruneau a une place particulière dans la “pharmacopée alimentaire“ puisque l’EFSA a autorisé l’allégation santé “constipation“ en raison de sa richesse en fibres et de la présence (de traces) d’un laxatif. Les fruits et les légumes verts, bien sûr excellents par ailleurs, contiennent surtout de l’eau et en valeur absolue peu de fibres, plutôt solubles et fermentescibles, à la différence des fibres céréalières, moins fermentescibles, ce qui les rend parfaitement adaptées au traitement de la constipation.
Si le son de blé ne suffit pas, on recourt aux fibres végétales médicaments, les mucilages ou laxatifs de lest (Normacol, Spagulax, Transilane, etc.), qui ont la propriété de donner du volume aux selles, ainsi de stimuler la motricité colique et de faciliter l’évacuation de selles rmollies. Enfin, quand la constipation est associée au syndrome de l’intestin irritable (dans sa forme constipée), trois fois sur 4 tout de même !, on préfère aux fibres (qui distendent l’intestin et accentuent les douleurs) les laxatifs osmotiques non fermentescibles comme les macrogols ou PEG (Forlax, Movicol, Transipeg) qui retiennent l’eau, mais sont inertes vis-à-vis des bactéries.
Avec le Pr Bernard Flourié, gastro-entérologue au CHU de Lyon Sud
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