Toux chronique, pas si vite !

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Publié le 03/11/2023
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Il faut documenter impérativement le reflux gastro-œsophagien (RGO) en cas de toux et ne pas prescrire d’inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) sans un diagnostic formel.
La présence de symptôme typiques augmente la probabilité de réponse au traitement

La présence de symptôme typiques augmente la probabilité de réponse au traitement
Crédit photo : BURGER/PHANIE

Le reflux gastro-œsophagien (RGO) est une cause possible mais probablement surestimée de la toux chronique – dont la prévalence s’élève entre 9 et 33 % en population générale. Ainsi, dans une étude espagnole parue en 2023, le RGO était considéré comme une cause possible de la toux chez 46 % des patients, mais seuls 43 % avaient consulté un gastroentérologue, 27 % avaient subi une endoscopie et 24 % une pH-métrie. De plus, association ne signifie pas causalité : les études basées sur la détection automatique des épisodes de toux ont en effet montré que, si le RGO précédait la toux chez 48 % des patients, la toux précédait le RGO chez 56 % d’entre eux, avec les deux mécanismes associés chez un même patient dans un tiers des cas.

Le gain apporté par les inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) par rapport au placebo en cas de RGO documenté est de l’ordre de 12 à 35 %. D’où la nécessité de démontrer son existence, d’autant plus quand le patient ne présente pas de symptômes typiques de RGO tels que le pyrosis et les régurgitations acides.

En effet, les facteurs de réponse aux IPP viennent d’être évalués dans une cohorte italienne de 178 patients atteints de toux chronique et suspectés de RGO, dont 45 % répondaient au traitement : la présence de symptômes typiques, la présence d’une œsophagite sévère, une exposition acide pathologique et des valeurs basses d’impédance basale nocturne étaient des facteurs indépendants de réponse au traitement en analyse multivariée.

Il est donc important de documenter un RGO (endoscopie, pH-métrie ou pH-impédancemétrie) avant de prescrire des IPP à long terme en cas de toux chronique. Concernant la chirurgie antireflux, une méta-analyse, contestée pour la qualité des études incluses, a montré en 2021 que 84 % des patients étaient améliorés. En 2023, l’American Gastroenterological Association insiste pour sa part sur le fait que l’absence de réponse au traitement médical est un facteur majeur d’échec du traitement chirurgical.

Roman S. IP364


Source : Le Quotidien du médecin