Une lutte quotidienne contre la constipation

Publié le 27/03/2012
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UN AN APRÈS la survenue de la paraplégie, les troubles de la fonction anorectale représentent la 3e principale plainte des patients, après les troubles de la sexualité et les troubles de la fonction urinaire. Les troubles fonctionnels anorectaux constituent en effet un vrai problème au quotidien. Physiopathologiquement, le traumatisme médullaire entraîne plusieurs modifications du fonctionnement colorectal. Le transit est ralenti chez la grande majorité des patients. En cas de lésion de la moelle suprasacrée, une dyschésie anorectale - contraction paradoxale du sphincter anal lorsque la contraction rectale apparaît - est très fréquente et accentue le ralentissement du transit. Dans les lésions de la moelle sacrée ou de la queue-de-cheval, le réflexe de défécation est aboli et la contraction du sphincter anal est diminuée, ce qui expose au risque d’incontinence fécale.

« La prise en charge des patients est indispensable, car un traitement correctement conduit leur permet de ne souffrir ni d’incontinence, ni de constipation », note le Pr Pierre Denys.

Traitement chronique quotidien.

Le traitement de la constipation est un traitement chronique, mis en place le plus souvent dans le centre de rééducation, mais qui doit se poursuivre de façon quotidienne, en sachant que les patients y consacrent en moyenne plus d’une heure par jour. Il se fonde sur des mesures hygiéno-diététiques (alimentation variée, hydratation suffisante, présentation à la selle à horaires réguliers après massage abdominal), sur l’utilisation de mucilages de lest pour maintenir une bonne hydratation des selles, et sur des techniques d’évacuation : recours à des suppositoires déclencheurs, de type Eductyl, complété si besoin par une exonération digitale. En cas d’échec, une nouvelle technique appelée Peristeen, qui permet de faire des lavements rétrogrades, se montre très efficace.

La lutte contre la constipation est primordiale pour éviter la survenue de fausses diarrhées, qui peuvent conduire à des prescriptions inappropriées de ralentisseurs du transit qui aggravent le problème.

Enfin, il est également important de savoir rechercher un trouble spécifique, notamment chez les sujets âgés de plus en plus représentés dans la population des tétraplégiques.

 Dr I. H. D’après un entretien avec le Pr Pierre Denys, service de médecine physique et de réadaptation, hôpital Raymond-Poincaré, Garches.

Source : Le Quotidien du Médecin: 9105