POUR LA PREMIÈRE fois, une équipe française a obtenu une puberté par autogreffe de tissu ovarien cryopréservé avant un traitement stérilisant.
Cette première a été réalisée chez une adolescente qui, à l’âge de dix ans, atteinte d’une drépanocytose homozygote, avait dû subir un conditionnement myéloablatif avant greffe de cellules souches de moelle. Ce traitement myéloablatif entraînant une insuffisance ovarienne, il a été décidé de réaliser au préalable une cryopréservation de tissu ovarien. L’enfant qui mesure alors 1,42 m, pèse 31 kg et ne présente aucun signe de puberté, est prise en charge dans l’unité de biologie de la reproduction de la Pitié-Salpêtrière (équipe de Catherine Poirot). Une ovariectomie droite par laparoscopie est pratiquée sous anesthésie générale. En laboratoire, le cortex ovarien est isolé et disséqué en 23 fragments qui sont cryopréservés selon un protocole de congélation lente ; ces fragments ont une densité de 8,6 follicules primordiaux /mm3. À l’âge de 13 ans, la jeune patiente demande une transplantation de tissu ovarien pour induire sa puberté. La drépanocytose est alors guérie. L’adolescente mesure 1,56 m, pèse 39 kg et ne présente toujours aucun signe pubertaire. L’âge osseux est de 13 ans, la FSH est à 71,7 UI/l, la LH à 24,1 UI/l ; l’estradiol à moins de 73 pmol/l, l’inhibine B à moins de 15 ng/l et l’hormone antimullérienne (AMH) à 0,71 pmol/l. Une autotransplantation ovarienne est pratiquée sous anesthésie locale, à gauche dans le tissu sous-cutané de la paroi abdominale au-dessus des futurs poils pubiens. En pratique, on crée une poche abdominale dans laquelle sont déposés trois fragments ovariens décongelés. Le premier jour, le bilan hormonal montre une FSH à 89 UI/l, une LH à 36 UI/l, un estradiol à moins de 37 pmol/l et une AMH à moins de 0,18 pmol/l.
Deux mois plus tard, les seins commencent à se développer et quatre mois après la greffe l’adolescente atteint un stade S2 de Tanner. Les poils pubiens et axillaires apparaissent et les premières règles se produisent huit mois après la greffe. Trois ans et trois mois après la greffe, la jeune fille mesure 1,72 m et pèse 52 kg. Ses règles, après avoir été régulières pendant deux ans sont devenues irrégulières, ses seins sont complètement développés.
Pour les auteurs, cette observation montre pour la première fois qu’il est possible de restaurer une fonction ovarienne endocrine à parti de tissu ovarien recueilli avant la puberté. Cela devrait inciter, plaident-ils, à proposer une cryopréservation de tissu ovarien avant une transplantation allogénique de cellules souches de moelle, seul traitement curatif de la drépanocytose. « L’autogreffe de tissu ovarien, concluent-ils, peut induire une puberté et restaurer la fertilité en évitant un traitement hormonal substitutif. »
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