Avec 141 672 cas au 20 avril, dont environ 91 500 « guéris » et 4 404 décès, l’Allemagne enregistre des taux de mortalité nettement plus bas que la plupart de ses voisins européens. Ce résultat tient à de nombreux aspects, en premier lieu une réaction très précoce et des services de santé performants.
L’Allemagne est un État fédéral dans lequel la protection de la santé est largement assurée par les 16 régions (Länder) qui la composent, même si les structures et services de santé sont quasi identiques partout. La collecte des données et les recommandations ont certes été émises par des instituts fédéraux, mais en matière de confinement, chaque Land s’est organisé librement : la Bavière et la Sarre ont institué un confinement à domicile, alors que la Rhénanie du Nord Westphalie ne l’a imposé qu’aux personnes à risque ou testées positives. Le Schleswig-Holstein, lui, a rétabli sa « frontière » avec le reste du pays, interdisant à tous les non-résidents d’y entrer sans raison valable.
Une importante capacité en réa
Essentiellement gérés par les Länder, les hôpitaux n’ont pas été saturés, d’une part en raison de leurs disponibilités en lits, et d’autre part en raison du nombre moins élevé de patients gravement atteints. Avant la crise, les hôpitaux, publics et privés, disposaient de 28 000 lits de soins intensifs, dont 20 000 équipés de respirateurs, occupés en moyenne à 70 %. En déprogrammant d’autres interventions, le nombre de places a atteint les 40 000. C’est ainsi que l’Allemagne a pu accueillir des patients français, notamment du Grand Est.
Par contre, le pays a longtemps manqué de masques, désormais produits par des usines d’automobiles reconverties. Mais l’approvisionnement, y compris pour les professionnels, reste encore délicat, alors même que le pays réfléchit à une généralisation du port du masque au début du déconfinement, sans doute là aussi régionalisé.
Des tests diffusés précocement
Dès fin janvier, le virologue berlinois Christian Drosten a mis au point et fait diffuser un premier test auprès des populations les plus à risque, notamment âgées, ce qui a largement contribué à les protéger. Actuellement, 70 % des malades ont entre 20 et 50 ans, et leur âge moyen est de 45 ans, contre 61 en Italie et 51 en Chine.
À côté de lui, d’autres médecins sont devenus familiers du grand public, comme le Pr Lothar Wieler, président de l’Institut Robert Koch (RKI), le centre fédéral de contrôle des maladies, qui tient une conférence de presse quasi quotidienne. Le Président de l’Ordre, le généraliste Klaus Reinhardt, représente, lui, la voix officielle de la profession : il vient par exemple de préconiser le retour des visites aux personnes âgées en institution, mais plaide pour le maintien des fermetures de jardins d’enfants.
Si la maladie a été moins brutale qu’ailleurs, les débats autour du bien fondé du confinement, même partiel, ont été et restent particulièrement vifs. Ils portent autant sur ses conséquences économiques, sociales et psychologiques que sur les inquiétantes restrictions des libertés publiques qu’il a entraînées.
En outre, les médecins s’interrogent sur les réformes sanitaires à mettre en œuvre une fois la vie normale revenue. Libéraux et hospitaliers réclament l’arrêt des suppressions de lits et des réductions budgétaires dans les hôpitaux, même si celles-ci ont été moins fortes qu’ailleurs. Certes, le système de santé a tenu, mais certaines mesures ont été prises trop tard selon eux. Enfin, ils exigent le retour de la production des substances pharmaceutiques en Europe.
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