Le « régime préhistorique » ou « régime paléo » est en vogue. Il s’agit d’un courant crudivoriste inventé par S.B. Eaton en 1985 aux États-Unis mais qui connaît un grand succès aujourd’hui. Le credo de ce régime : l’organisme humain ne serait pas adapté à la révolution néolithique, à savoir l’agriculture, l’élevage, la maîtrise du feu. Pour éviter de nombreuses maladies chroniques (diabète, obésité, cancer, maladies cardiovasculaires), il faudrait donc suivre un régime paléolithique.
Selon Eaton, cela consiste en la suppression du sel, du sucre, des huiles, du lait et des céréales, la consommation de 30 % de viandes, abats et poissons, de préférence du gibier et des poissons pêchés, et de 70 % de noix, légumes, baies, fruits et tubercules, mais sans carottes et pommes de terre, et en privilégiant les souches anciennes et aromatiques.
Les hommes paléolithiques.
Premier écueil : il n’y a pas un mais des hommes, sur 7 000 millénaires de préhistoire. « Il y avait sept espèces humaines à –1 million d’années, explique le Pr Jean-Denis Vigne, directeur de recherche au CNRS et du laboratoire d’archéozoologie du Muséum d’Histoire Naturelle. Et en prenant la période de référence d’Eaton, –40 000 ans, trois hominidés persistaient ». Logiquement, d’un endroit à l’autre du globe, les régimes étaient très différents « durant cette période [en fait de -100 000 à -15 000] le froid régnait en Europe et la végétation était réduite au lichen. Les hominidés y mangeaient 90 % de viandes et de graisses animales… Tandis qu’au proche Orient, leur régime ressemblait davantage à celui décrit par Eaton : racines, fruits et chasse. » Pour résumer, loin d’être inflexibles et contraints par des caractéristiques génétiques propres, les régimes des hominidés étaient donc opportunistes et fortement dépendants des conditions environnementales.
Maîtrise de soi.
En fait, comme dans bien d’autres domaines, l’homme préhistorique est une construction mentale bien pratique pour y projeter et justifier divers fantasmes. En l’occurrence dans l’orthorexie alimentaire, le discours santé et le discours moral sont très liés, selon Camille Adamiec, sociologue à l’université de Strasbourg. Ce qui nous ramène à la remarque de l’archéologue : « nous sommes une espèce omnivore, invasive et de fait nous avons envahi la planète. Nous avons un gros cerveau, ce qui nous a conféré un grand avantage adaptatif »… Et la capacité d’investir l’acte alimentaire.
› Dr CHARLOTTE POMMIER
Conférence organisée par l’OCHA le 20 juin 2013.
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