Permettre aux cellules de la rétine de retrouver leur capacité à réagir à la lumière chez des patients ayant une dégénérescence rétinienne, telle est la promesse de l'optogénétique.
Cette technique consiste à introduire dans les cellules ganglionnaires de la rétine préservées un gène codant une protéine sensible à la lumière par le biais d'un vecteur viral, le virus adéno-associé, ce virus étant non pathogène. Cette avancée a été permise par la découverte d'une protéine photosensible, la channelrhodopsine, chez l'algue Chlamydomonas reinhardtii. L'ADN codant cette protéine, cloné puis intégré aux cellules rétiniennes, leur permet d’être activées par la lumière. Elles remplacent ainsi les photorécepteurs qui ont dégénéré.
S'appuyant sur les travaux de l’Institut de la vision, la société française GenSight Biologics a mis au point un produit basé sur l'optogénétique appelé GS030. Il fonctionne de manière complémentaire avec des lunettes de stimulation qui permettent, par l'intermédiaire d'une caméra et d'un micro-ordinateur, de stimuler les cellules intégrant le nouveau gène et ainsi d'amplifier le signal lumineux.
Le développement préclinique avec des tests sur les rongeurs et des primates non humains a montré des résultats positifs, ouvrant la voie à un essai incluant 18 patients atteints de rétinopathie pigmentaire au stade de la cécité. Il devrait démarrer d'ici quelques semaines en Angleterre. Les États-Unis devraient suivre, ainsi que la France, actuellement en attente de l'autorisation de l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). Le critère principal d’évaluation est la sécurité et la tolérance 1 an après l’injection, mais les résultats espérés sont a minima la perception des lumières et des formes. De la rééducation est nécessaire pour que les patients appréhendent leur nouvelle vision. GS030 pourrait également être employé chez des patients moins sévères.
Contrairement à la thérapie génique utilisée pour l'amaurose de Leber qui cible le gène déficient, l'optogénétique est une thérapie génique indépendante des mutations, qui peut donc être envisagée pour traiter différentes formes de cécité. Ainsi, si les résultats sont concluants, cette technologie pourrait s'appliquer à d'autres pathologies, à condition que les cellules ganglionnaires soient préservées.
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