En matière de régime déviant, la palme d’or des régimes dangereux revient aux parents qui nourrissent leur bébé avec un « lait » (c’est en fait un jus) exclusivement végétal, sans aucun rapport avec une préparation infantile pour nourrisson au sens de la législation européenne. « Ces parents sont persuadés que c’est le lait infantile préparé à base de lait de vache qui est mauvais pour leur enfant. Or ce faisant, ils l’exposent à des carences sévères. Une enquête est d’ailleurs en cours pour tenter de recenser tous les cas graves francophones ayant conduit à une hospitalisation. Nous voyons en effet passer dans notre service des nourrissons présentant une anémie sévère par carence martiale, une hypocalcémie, un déficit de vitamines D et K, ainsi que de protéines, soit autant de facteurs qui marquent une réelle dénutrition, explique le Pr Tounian (Hôpital Trousseau, Paris). Toute la difficulté est alors de persuader ces parents de leur erreur ».
Quels moyens pour les convaincre ?
Il est important de tout mettre en œuvre pour convaincre les parents des risques qu’ils font encourir à leur nourrisson. Déjà, en leur rapportant les carences dont l’enfant souffre et qui sont d’ailleurs à l’origine de son hospitalisation. Ensuite, en comparant la composition d’un lait infantile qui respecte la loi européenne, avec celle de la boisson qu’ils utilisent (lorsque la composition de cette dernière est disponible, ce qui n’est même pas toujours le cas). Enfin, en leur montrant le dernier rapport de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (ANSES) dénonçant les risques encourus par les enfants alimentés avec ces boissons végétales non appropriées.
Et en leur démontrant que les fabricants de ces boissons contournent la loi lorsqu’ils font croire – grâce à des dessins de petits nounours ou de parents avec un bébé dans les bras – qu’elles représentent une nourriture convenable pour nourrissons. « En dernier recours, il est toujours possible de leur proposer une préparation infantile conforme à la législation européenne (et non une simple boisson), mais préparée à base de protéines de riz et/ou de soja. Ces préparations s’achètent en pharmacie et non en grandes surfaces, précise le Pr Patrick Tounian. En général, les parents admettent cette dernière solution et il n’y a donc pas besoin de recourir à la justice ».
D’après un entretien avec le Pr Patrick Tounian, Nutrition et Gastroentérologie pédiatriques, hôpital Armand-Trousseau, Paris 12e et Inserm nutriomique U872 Université Paris 6.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024