Cette année, comme tous les quatre ans, le congrès de la Société française de pédiatrie (SFP) s’est élargi en un « congrès des sociétés de pédiatrie », co-organisé par huit entités, comme l’Association française de pédiatrie ambulatoire (Afpa) et les sociétés savantes dédiées aux différentes spécialités touchant la santé de l’enfant et de l’adolescent (chirurgie infantile, dermatologie, oncologie, ORL, orthopédie, néonatologie…). « C’est un vrai plaisir de se retrouver et de prendre le temps d’échanger sur les sujets d’actualité, après la crise sanitaire que nous avons connue, souligne la Pr Christèle Gras-Le Guen, présidente de la SFP. Dans tous nos domaines d’exercice, la santé de l’enfant est au cœur de nos préoccupations : sa santé physique, mais aussi mentale et sociale. »
Tables rondes, ateliers, mises au point, pas à pas, communications orales, posters : le très riche programme s’adressait aussi bien aux libéraux, aux hospitaliers, qu’aux hospitalo-universitaires et ce, dans toutes les sous-spécialités. Les jeunes pédiatres en formation étaient particulièrement nombreux, car il s’agit pour eux d’un moment privilégié de rencontres et de transmission du savoir. « Une des missions de la SFP est le soutien aux jeunes pédiatres, qui nous apportent aussi beaucoup pour innover et moderniser nos modes d’exercice », souligne la Pr Gras-Le Guen.
La diversité comme fil rouge
Cette année, le thème choisi comme fil rouge du congrès était la diversité : diversité des professions, des modes et des lieux d’exercice, mais aussi diversité des enfants, qu’il s’agisse de leur pathologie, de leur culture, de leur famille… Un thème qui a mis en valeur les multiples facettes de la pédiatrie.
Parmi les grands sujets d’actualité abordés lors du congrès : l’infection à Sars-CoV-2 et ses particularités chez les enfants ; les hépatites, notamment aiguës chez les tout-petits ; la santé mentale des enfants, affectée par la crise sanitaire ; l’emprise des réseaux sociaux sur les adolescents ; les 1 000 premiers jours de vie, où tout commence ; les nouveautés dans les vaccinations ; le parcours de soins et la permanence des soins… « La crise sanitaire a gravement perturbé la santé des enfants et des adolescents, notamment leur santé mentale, ce qui a provoqué une augmentation sans précédent des besoins de soins psychiques et psychiatriques, rappelle la Pr Gras-Le Guen. Nous sommes inquiets car les services d’urgences pédiatriques sont totalement saturés. »
Renforcer la prévention
La prévention est un sujet majeur. Elle doit encore être renforcée, notamment en raison des inégalités sociales de santé dans plusieurs domaines prioritaires, comme la périnatalité, les violences intrafamiliales, les vaccinations…
« Parmi les nouvelles recommandations vaccinales 2022, il faut noter la vaccination contre la coqueluche chez la femme enceinte, recommandée à partir du deuxième trimestre de la grossesse, en privilégiant la période entre 20 et 36 semaines d’aménorrhée afin d’augmenter le transfert transplacentaire passif des anticorps maternels et assurer une protection optimale du nouveau-né, se félicite la Pr Gras-Le Guen. Il faut éviter les formes graves de coqueluche, qui surviennent surtout au cours des trois premiers mois, le nourrisson étant contaminé par son entourage. Il sera ensuite vacciné à l’âge de deux mois, selon les recommandations du calendrier vaccinal. »
Des avancées dans le calendrier vaccinal
Autre avancée importante, la vaccination contre les infections invasives à méningocoques de sérogroupe B, désormais recommandée et remboursée chez les nourrissons dès l’âge de deux mois et avant l’âge de deux ans. « C’est une véritable bataille que nous avons menée et qui a enfin porté ses fruits. Le point qui a fini par convaincre les autorités est celui des inégalités sociales. En effet, jusqu’alors, seules les familles les plus aisées pouvaient faire vacciner leur enfant or, les méningites à méningocoques sont beaucoup plus fréquentes dans les populations défavorisées », explique la présidente de la SFP.
L’autre bataille que mènent les pédiatres français, depuis plus de 10 ans, est celle de l’inscription au calendrier vaccinal et du remboursement du vaccin contre le rotavirus. Ce virus est à l’origine des premières gastro-entérites potentiellement graves chez le nourrisson de moins d’un an, avec un risque d’hospitalisation pour déshydratation. La vaccination n’est actuellement pas recommandée en France car le vaccin peut être responsable, dans de très rares cas, d’invaginations intestinales aiguës, susceptibles de se compliquer en l’absence de diagnostic et de prise en charge précoce. Dans la quasi-totalité de nos pays voisins, ce vaccin est pourtant recommandé pour les nourrissons compte tenu de sa balance bénéfice/risque favorable. En France, le dossier est en cours de réexamen, les pédiatres attendent avec impatience la décision des autorités de santé.
Enfin, la présidente de la SFP est satisfaite de l’élargissement des compétences vaccinales aux infirmiers, sages-femmes et pharmaciens d’officine, qui laisse espérer une amélioration de la couverture vaccinale en France. « Pendant la crise sanitaire, un retard a été pris. Tous les moyens et les bonnes volontés sont bienvenus pour protéger les enfants et optimiser la couverture vaccinale, pour des maladies qui peuvent encore être mortelles en pédiatrie. Mais cela ne doit en aucun cas de faire au détriment d’un suivi médical global. La consultation du pédiatre ou du médecin de l’enfant reste essentielle pour prévenir, informer et assurer un suivi personnalisé, avant de prescrire la vaccination », souligne-t-elle.
Exergue : « Nous sommes inquiets car les services d’urgences pédiatriques sont totalement saturés »
Entretien avec la Pr Christèle Gras-Le Guen
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