Chez les enfants autistes, les pratiques intégratives doivent-elles encore faire leurs preuves ? C’est autour de ce thème que va se dérouler la session modérée par la Pr Gisèle Apter, cheffe de service de pédopsychiatrie au groupe hospitalier du Havre, Université de Rouen-Normandie ; une session à laquelle prendront part Catherine Saint-Georges (Paris) et Maria Squillante (Brest).
Ces pratiques intégratives sont délivrées dans des hôpitaux de jour ou des centres d’accueil thérapeutiques à temps partiel. « Elles reposent sur des interventions diversifiées, décidées et ajustées au profil de chaque enfant, après un bilan pluridisciplinaire, sous forme d’ateliers ciblant différents domaines – qui touchent aussi bien la dimension cognitive que celle des interactions sociales et avec des suivis spécifiques (psychomotricité, orthophonie, psychologique). Il existe de nombreuses articulations en intra-hospitalier mais aussi à l’extérieur, l’école étant le partenaire central. Ces pratiques intégratives sont menées avec un soutien parental multiforme et régulier », explique la Pr Apter.
La pédopsychiatrie agit aussi sur la cognition
Les principaux résultats d’une étude visant à évaluer des pratiques intégratives en unité de soins infantojuvéniles pour des enfants présentant un autisme typique ou atypique, conduite entre 2016 et 2018, seront présentés lors de cette session. « La prise en charge des enfants autistes par la pédopsychiatrie de secteur est ancienne. Elle s’est notamment développée, dans les années 1970 et 80, en proximité et hors les murs », indique la Dr Nicole Garret-Gloanec, qui a coordonné l’étude quand elle était cheffe de service de pédopsychiatrie au CHU de Nantes.
L’étude, clinique, observationnelle et multicentrique, a été menée dans 21 centres en France, sur une période totale de 40 mois. Le recrutement s’est étendu sur 24 mois avec une durée de suivi de 12 mois par enfant. Au total, 103 ont été inclus mais les inclusions ont été validées pour 89 enfants.
« Plusieurs outils d’évaluation ont été utilisés, notamment l’échelle PEP-3. Les deux critères principaux étaient la cognition verbale et préverbale, ainsi que l’expression affective. Sur ces deux points, nous avons obtenu des résultats hautement significatifs, y compris sur le volet cognition, souligne la Dr Garret-Gloanec. Précédemment, des études rétrospectives, notamment celle de la Pr Amaria Baghdadli (CHU Montpellier), avaient pointé une bonne efficacité de la pédopsychiatrie sur la dimension socialisante et relationnelle mais les résultats étaient moins probants sur la communication et la cognition. Avec notre étude, c’est significatif sur les deux volets ». « La régulation émotionnelle est de meilleure qualité. Le langage se développe sur les versants réceptif et expressif. Les capacités de communication ont évolué de façon hautement significative et la diminution des comportements inadaptés est particulièrement marquée. Enfin, le point fort qualitatif est la satisfaction des parents », ajoute la Pr Apter.
Une population reflet des patients
Les auteurs de l’étude ont noté une bonne adéquation entre les pratiques intégratives et la population des enfants pris en charge. « Ils présentaient des spécificités : un niveau de sévérité élevé et un pourcentage plus important que la moyenne de familles en difficulté sociale ou issue de la première migration », indique la Dr Garret-Gloanec. « Dans les méta-analyses, on nous reproche que nos cohortes de patients ne soient pas le reflet de l’ensemble de la population. Mais notre mission n’est pas de soigner la population qui n’a pas besoin d’être soignée. On inclut dans nos cohortes les enfants qui viennent à nous », complète la Pr Apter.
Entretiens avec la Pr Gisèle Apter (Université de Rouen-Normandie et Groupe hospitalier du Havre), présidente de la Société de l’information psychiatrique (SIP) et avec la Dr Nicole Garret-Gloanec, ancienne cheffe de service de pédopsychiatrie au CHU de Nantes
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