Troubles respiratoires obstructifs liés au sommeil

L’importance d’un diagnostic précoce

Publié le 09/09/2013
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Sommeil

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Crédit photo : Photo BSIP

UNE RÉCENTE étude anglaise portant sur plus de 10 000 enfants (The Avon Longitudinal Study of Parents and Children) suivis pendant plus de six ans (à partir de l’âge de 6 mois), montre que les jeunes enfants présentant des troubles respiratoires du sommeil sont susceptibles de développer des troubles de l’attention et des fonctions exécutives ainsi que des troubles du comportement. Le ronflement, la respiration buccale et l’apnée peuvent avoir de graves conséquences comportementales. Les parents et les médecins doivent donc être attentifs aux troubles respiratoires du sommeil chez les jeunes enfants, particulièrement dans la première année de vie. Selon les études, le pourcentage d’enfants ronflant de façon habituelle varie de 9 à 21 % avec une forte proportion dans la classe d’âge 1,5-2,5 ans. À l’âge de 6 ans, 25 % des enfants respirent par la bouche. Quant à la prévalence de l’apnée, elle s’établit à 1-2 % à tous les âges. Les auteurs ont contrôlé 15 variables confondantes potentielles : un statut socio-économique bas semble avoir un effet important sur le risque de développer de tels troubles. L’absence d’allaitement maternel apparaît être également un facteur de risque

Les causes courantes sont l’hypertrophie des amygdales ou des végétations adénoïdes sur lesquelles, il est possible d’agir : l’adénoïdectomie diminuerait le risque de 40 à 50 %. Cependant, les troubles respiratoires du sommeil sont sous-diagnostiqués. Une récente étude, menée chez des pédiatres américains, montre que seulement 24 % des enfants ont été interrogés sur leur ronflement. L’enregistrement polysomnographique du sommeil est la référence avec cependant ses forces et ses faiblesses (il n’est pas toujours réalisable et il est onéreux). Il n’est pas indispensable dans tous les cas et doit être discuté en fonction de la clinique. La polysomnographie reste, selon les experts, nécessaire avant une amygdalectomie chez des enfants pour lesquels l’indication opératoire est incertaine ou chez lesquels on observe une discordance entre la taille des amygdales et la sévérité des troubles. D’autres tests, plus facilement accessibles, devraient être développés, en attendant la validation de potentiels biomarqueurs…

Les options thérapeutiques.

Quant au traitement, à part le premier essai contrôlé contre placebo, randomisé avec le montelukast (administré une fois par jour), il n’y a pas eu récemment de nouveauté. Les résultats de l’étude montrent une amélioration significative à 12 semaines dans le groupe montelukast avec une diminution de l’index d’apnée-hypopnée chez 50-65 % des enfants, une diminution des symptômes et de la taille des adénoïdes. L’adénoamygdalectomie est le premier traitement du syndrome d’apnées obstructives du sommeil. Il doit être réévalué 6 à 8 semaines après l’intervention. La ventilation en pression positive continue peut être indiquée en cas de persistance du syndrome d’apnées du sommeil (SAS). L’orthèse d’avancée mandibulaire est efficace dans certains cas. La perte de poids est recommandée en association avec les autres traitements lorsque l’enfant est en surpoids ou obèse. Des corticostéroïdes par voie intranasale peuvent être prescrits chez des enfants ayant un SAS modéré (Index d’apnées-hypopnées IAH ‹ 5/h) et pour lesquels l’adénoamygdalectomie est contre-indiquée. La réponse au traitement doit être mesurée après 6 semaines. Enfin, une chirurgie maxillofaciale peut être envisagée en cas d’ anomalies sévères

D’après la communication de J.-P. Praud (Canada), abstract PLE-5.

 CHRISTINE FALLET

Source : Le Quotidien du Médecin: 9261