Les selles d’un nouveau-né sont en effet variables d’un individu à l’autre en termes de consistance et de fréquence. De plus, elles sont a priori plus nombreuses et plus liquides ! Le critère “croissance pondérale“ est donc en l’occurrence plus informatif et si le nouveau-né prend en moyenne 20 à 30 g par jour, inutile de s’inquiéter de ce que l’on pourrait étiqueter diarrhée. « Un enfant nourri au sein émet classiquement des selles jaune d’or après la tétée, puis peut développer après quelques semaines une fausse constipation au lait de mère ; des selles tous les trois jours, voire moins, ce qui est normal », rappelle le Dr Mosca.
On peut en revanche légitimement s’interroger si le nouveau-né ne prend pas de poids, 30 g par jour les 3 premiers mois, et que ses selles sont plus liquides, glaireuses, voire sanglantes ; elles sont parfois même confondues avec des urines (pour les pathologies sévères du tube digestif). Gare donc aux diagnostics portés par excès ou par défaut (dans le cas de selles simulant des urines notamment).
Sur une accélération du transit associée à une absence de prise de poids, deux étiologies, infection ou allergie aux protéines du lait de vache (APLV), doivent être prioritairement évoquées, parce que les plus fréquentes. À défaut, il s’agit de pathologies rares, qui relèvent d’une consultation spécialisée, maladie de l’architecture intestinale ou maladie inflammatoire à début néonatal (entéropathie auto-immune par exemple).
La fièvre pouvant ne pas être au premier plan, une analyse virologique des selles et une coproculture doivent être réalisées d’emblée. Pour écarter une APLV, la référence reste l’épreuve d’exclusion/réintroduction, les tests prêts à l’emploi, patchs ou pricks, s’avérant peu sensibles et spécifiques. L’APLV médiée par l’allaitement maternel est rare, l’exclusion (lait et œufs), sur 2 à 4 semaines, concerne alors la mère bien sûr. Si l’enfant reçoit une préparation infantile classique, elle est remplacée par des hydrolysats poussés de protéines de lait de vache : les signes doivent s’amender en cas d’APLV et réapparaître à la réintroduction du lait infantile habituel.
Les infections bactériennes plutôt
Quant à l’éventualité d’une infection, elle est exceptionnellement virale juste après la naissance, le nouveau-né étant protégé par les anticorps maternels. Plus tard, il s’agit plutôt de rotavirus l’hiver, d’astrovirus ou de calicivirus moins saisonniers, et le traitement est symptomatique, assorti s’il le faut d’une réhydratation par un SRO (soluté de réhydratation orale). Pour ce qui est des bactéries, la plupart des bébés (les deux tiers) avant l’âge de un an sont naturellement colonisés par Clostridium difficile et le germe n’est jamais la cause de la diarrhée. À l’origine d’une diarrhée bactérienne, l’on retrouve plus volontiers Campylobacter, à traiter par un macrolide.
« À cette période néonatale, signale le Dr Mosca, les rectorragies sont plus fréquentes que les diarrhées, le plus souvent chez des bébés nourris au sein ». Ces rectorragies des premières semaines de vie contrastent avec la bénignité des symptômes. Deux fois sur trois, elles sont idiopathiques et disparaissent spontanément en quelques semaines. Une fois sur trois, une infection ou une APLV là encore les ont provoquées. La conduite à tenir dépend de la courbe de poids : si le bébé continue à prendre du poids, l’abstention est la règle ; en cas de cassure, on procède comme pour l’exploration d’une diarrhée à une analyse des selles surtout, l’APLV étant rarement en cause ici.
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Des mesures préventives non médicamenteuses
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