La dyslexie a longtemps été attribuée à des troubles psychopédagogiques mais on a mis en évidence des altérations dans la mise en place de certains circuits cérébraux, en partie génétiquement déterminés. Elle se caractérise chez l’enfant par la difficulté d’apprendre à lire en dépit d’une intelligence normale, voire au-dessus de la moyenne. Les dyslexiques n’arrivent pas à mettre en relation les lettres et les sons pour deux raisons : soit parce que la représentation des sons s’est mal constituée pendant l’enfance et que le stock de langage aisément accessible est insuffisant, soit en raison de difficultés attentionnelles, avec un défaut d’intégration des informations qui ne permet pas de traiter en une seule entité les formes visuelles et auditives du langage.
La dyslexie est pratiquement toujours associée à d’autres troubles, d’apprentissages (dysorthographie, dysgraphie, dyscalculie, etc.), cognitifs (comme la dysphasie), de la coordination (dyspraxie), mais aussi à des perturbations de la mémoire et de l’attention qui majorent le handicap. Ces troubles génèrent le plus souvent une mauvaise estime de soi, qui en elle-même, constitue un obstacle majeur pour les apprentissages, la rééducation et la vie relationnelle, et justifie une psychothérapie.
La rééducation spécifique et intensive doit être instaurée le plus précocement possible et accompagnée à l’école de mesures pédagogiques adaptées au problème particulier de l’enfant. En dehors de l’accompagnement thérapeutique, deux éléments sont essentiels pour leur avenir, l’intelligence mesurée par le QI et le niveau socio-économique de la famille. À sévérité du trouble égal, le pronostic est bien plus sombre si manque la stimulation culturelle, la motivation des parents et donc des enfants.
Dans la grande majorité des cas, pour des dyslexies de sévérité moyenne la prise en charge à l’école primaire dure 3 à 4 ans. Si on est amené à continuer au collège pour des dyslexies sévères, on propose à ces adolescents non plus une rééducation orthophonique mais un travail moins infantilisant ainsi que la mise en place de compensations pour les aider dans leur scolarité.
«La France est en retard par rapport à d’autres pays en ce qui concerne la prise en charge du handicap que peut représenter la dyslexie chez l’adulte et tout particulièrement chez les étudiants entrant à l’université qu’ils aient ou non été traités dans leur enfance, explique le Pr Michel Habib. Nous sommes de plus en plus souvent sollicités pour donner notre avis au sujet de ces étudiants qui ont toujours des difficultés à l’université et qui demandent des compensations pour les cours ou les examens, aides dont ils ont bénéficié au collège mais qui ne sont plus assurés à l’université ». La recherche sur la dyslexie de l’adulte doit être stimulée ; on manque par exemple de normes permettant de pratiquer des bilans chez les plus âgés. Des équipes marseillaises se consacrent actuellement à l’élaboration d’outils pour évaluer les adultes dyslexiques.
D’après un entretien avec le Pr Michel Habib, Centre de référence des troubles de l’apprentissage (CERTA), président de Resodys
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