Troubles respiratoires du sommeil

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Publié le 08/09/2016
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Crédit photo : PHANIE

La polysomnographie (PSG) est l'examen de référence pour le diagnostic de trouble respiratoire du sommeil, mais l'accès à cet examen reste difficile. Il est donc essentiel de développer des méthodes diagnostiques plus simples, ou, au moins, de mieux identifier les enfants devant avoir une PSG.

La polygraphie à domicile a été évalué de façon prospective chez des enfants âgés de 2 à 14 ans chez lesquels un syndrome d'apnées obstructives du sommeil (SAOS) était suspecté. Sa sensibilité a été de 91 % et sa spécificité de 94 %, ce qui pour les auteurs de ce travail (1) confère à cette méthode une place intéressante pour le diagnostic des formes modérées à sévères de SAOS.

Dans une étude prospective menée chez des enfants avec un SAOS, âgés de 5 à 9 ans, les résultats du Pediatric sleep questionnaire reflétaient bien les conséquences du SAOS sur le comportement, le sommeil et la qualité de vie, et étaient prédictifs de l'efficacité de l'adéno-amygdalectomie (2).

Selon une analyse de la littérature, l'oxymétrie nocturne est utile pour le diagnostic de trouble respiratoire obstructif du sommeil et pour prédire les complications post-adéno-amygdalectomie chez les enfants ayant des symptômes évocateurs (3).

Selon une méta-analyse (4) l'endoscopie sous sommeil induit n'aurait un intérêt diagnostique que chez un nombre limité d'enfants.

Les liens entre SAOS et obésité font l'objet de nombreux travaux. La pathogenèse du SAOS est multifactorielle, mais le premier facteur anatomique en cause semble bien être le tissu lymphoïde, selon des données d'imagerie en résonance magnétique analysées chez 137 adolescents âgés de 12 à 16 ans (5). Une revue de la littérature souligne par ailleurs que l'obésité et les troubles respiratoires obstructifs du sommeil sont intriqués, chacun contribuant à l'initiation et à la progression de l'autre. Le déséquilibre du microbiote induit par les troubles du sommeil et le régime alimentaire riche en graisses et en sucres pourrait être à l'origine d'une inflammation et d'une dysfonction métabolique (6).

Résolution dans la moitié des cas

En matière de traitement, une attitude attentiste peut être une bonne solution dans un nombre non négligeable de cas. Après 7 mois de suivi, une résolution du SAOS a été rapportée chez 42 % des 192 enfants âgés de 5 à 9 ans ayant un SAOS léger à modéré (7).

La thérapie myofonctionnelle, qui vise à corriger les dysfonctionnements de la musculature maxillaire et faciale et de la déglutition apparaît comme une méthode complémentaire intéressante selon une méta-analyse (8).

L'évolution à long terme des troubles respiratoires du sommeil se fait vers la résolution dans la moitié des cas, soit spontanée (35 %), soit après traitement (57 %) [9]. Un autre travail sur 490 patients ayant eu une PSG entre 8 et 11 ans et entre 16 et 19 ans, montre que le SAOS dans l'enfance disparaît le plus souvent à l'adolescence. À côté du ronflement et de l'obésité, associés au SAOS dans les deux tranches d'âge étudiées, d'autres facteurs de risque de SAOS sont mis en évidence, notamment la prématurité qui augmente le risque de SAOS dans l'enfance, et le sexe masculin et les antécédents d'adéno-amygdalectomie, associés à un risque accru de SAOS à l'adolescence (10).

Après adéno-amygdalectomie, un SAOS résiduel est retrouvé chez la moitié des enfants, plus particulièrement chez ceux qui présentaient un SAOS sévère et une obésité (11).

D'après Jean-Paul Praud, université de Sherbrooke, Canada. «Sleep disordered breathing -Year in review 2015»
(1) Alonso-Alvarez ML et al. Chest 2015;147:1020–8
(2) Rosen CL et al. Pediatrics 2015;135:e662-e671
(3) Kaditis A et al. Sleep Med Rev 2015;27:96–105
(4) Galluzzi F et al. Sleep Med 2015;16:331–5
(5) Schwab RJ et al. Am J Respir Crit Care Med 2015;191:1295–1309
(6) Hakim F et al. Semin Pediatr Neurol 2015;22:77–85
(7) Chervin RD et al. Chest 2015;148:1204–13
(8) Camacho M et al. Sleep 2015;38:669–75
(9) Walter LM et al. J Clin Sleep Med 2015;11:1143–51
(10) Spilsbury JC et al. Sleep 2015;38:23–9
(11) Lee CH et al. Clin Otolaryngol, in press

Dr Isabelle Hoppenot

Source : Le Quotidien du médecin: 9515