Les centres de ressources et de compétences de la mucoviscidose (CRCM) ont appris à fonctionner avec un réseau d'infirmiers et de kinésithérapeutes exerçant en cabinet de ville. La résilience de ce tuilage a fait ses preuves lors de l'épidémie de Covid-19.
C'est ce que mettent en lumière deux études prospectives, Mucovid et Mucofin, lancées toutes deux par le réseau des centres de ressources afin d'évaluer respectivement le risque de Covid sévère chez les patients atteints de mucoviscidose et l'impact du confinement sur la communauté de malades. « Lors du premier confinement, nous avions peur que ces patients un peu fragilisés soit plus à risque de développer une forme sévère de Covid-19, se souvient le Pr Ralph Epaud, spécialiste en pneumologie pédiatrique au centre hospitalo-universitaire de Créteil, qui a participé aux deux études et est l'investigateur principal de Mucofin. Nous avons été un peu étonnés de découvrir qu'ils étaient plutôt moins malades que les autres. Il faut dire que ce sont des patients qui ont l'habitude de porter le masque et de se laver les mains. »
Selon les résultats de Mucovid (1) publiés en novembre 2020, 31 des 1 500 patients suivis entre le 1er mars et le 30 juin 2020 ont été diagnostiqués Covid+, dont 19 confirmés par PCR. La cohorte comportait 12 patients transplantés du poumon et une majorité (61,3 %) de patients présentaient un diabète lié à la mucoviscidose et/ou une maladie pulmonaire modérée (65 %). Presque tous les patients transplantés ont dû être hospitalisés, sept d'entre eux ont dû être mis sous oxygénothérapie et trois ont été admis en soins intensifs.
Des complications sont survenues chez 10 malades mais, dans l'ensemble, les auteurs concluent que la mucoviscidose n'a pas exposé en soi à des formes plus sévères de Covid-19. « En revanche, ces données et les études internationales ont montré que les complications telles que l’insuffisance cardiaque, la cirrhose ou la greffe pulmonaire exposent à des formes sévères de Covid-19 », complète la Pr Véronique Houdouin, responsable du CRCM à l'hôpital Robert-Debré (AP-HP).
Hospitalisations indispensables assurées
Dans un deuxième temps, les chercheurs ont regardé l'impact de l'épidémie sur la prise en charge, avec l'étude Mucofin. Les résultats n'ont, à ce jour, pas été publiés. Le Pr Epaud nous donne toutefois les principaux enseignements de ce double travail quantitatif (basé sur 725 réponses à un questionnaire) et qualitatif (basé sur 16 interviews enregistrées). « Il y avait très peu de diminution de l’accès aux consultations, grâce à la mise en place des téléconsultations. Les bilans annuels ont parfois été un peu décalés, mais toutes les hospitalisations indispensables ont été faites et aux bons endroits, résume-t-il. Les cures d'antibiotiques par voie intraveineuse n'ont pas souffert des problèmes d'accès à l'hôpital car elles peuvent maintenant être faites à domicile. »
Les auteurs ont également constaté une augmentation du risque d’anxiété, de dépression et de traitements psychiatriques chez les sujets les plus âgés, mais cette tendance n'était pas corrélée à la dynamique de l'épidémie : les régions les plus touchées n'étaient pas celles où l'épidémie était la plus forte.
(1) H. Corvol et al, Journal of Clinical Medicine, volume 9, numéro 1, novembre 2020
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