Dans leur vie quotidienne, les patients atteints de pathologies respiratoires éprouvent des difficultés à s’oxygéner. Lors d'un séjour à la montagne, ils craignent souvent que leur organisme ne puisse pas s'adapter à la diminution d'oxygène et que leurs problèmes respiratoires s'accentuent. « Or, de nombreuses études ont montré que dans la plupart des pathologies respiratoires (lorsqu'elles sont bien contrôlées), l'altitude modérée, voire élevée peut être bien tolérée », affirme le Dr Samuel Vergès, chargé de recherche INSERM, laboratoire Hypoxie Physiopathologie (UGA/INSERM), Grenoble. Les patients BPCO stables, par exemple, tolèrent bien l'altitude (jusqu'à 3 000 m) en termes d'oxygénation et de capacités fonctionnelles. Par ailleurs, pour les sujets asthmatiques ou présentant une apnée du sommeil, l'altitude (en dessous de 3 000 m) ne doit pas être formellement contre-indiquée.
Autre point de vue validé scientifiquement : l'altitude peut être un moyen d'améliorer les capacités physiques des individus. « Les sportifs de haut niveau ont parfois recours à des techniques innovantes d'entraînement en altitude réelle ou simulée (en respirant, par exemple, dans un masque dont l'air est appauvri en oxygène). Le stress hypoxique induit lors de l'entraînement optimise leurs capacités cardiovasculaires et métaboliques », note le Dr Vergès.
Réhabilitation à l'effort
Contrairement aux idées reçues, l'hypoxie peut présenter un intérêt, en matière de réhabilitation à l'effort, chez les patients atteints de maladies chroniques. « Des études réalisées chez les patients présentant des pathologies cardiovasculaires, métaboliques mais aussi respiratoires montrent que le fait de les exposer quelques heures par jour à une hypoxie modérée au repos ou durant leurs séances d'entraînement à l'effort, permet d'améliorer leur état métabolique et cardiovasculaire. Des travaux en cours, au sein de notre laboratoire à Grenoble, montrent que les séances d'hypoxie représentent un outil potentiel de prévention et de traitement des pathologies respiratoires chroniques », précise le Dr Vergès. Le laboratoire Hypoxie Physiopathologie de Grenoble accueille ainsi, trois fois par semaine pendant 2 mois, des patients, soit pour les réentraîner à l'effort en condition d'hypoxie simulée (à l'aide d'un masque qui simule l'air à 3 000 ou 4 000 m d'altitude), soit en les laissant au repos, assis dans un fauteuil, tout en respirant dans un masque l'air appauvri en oxygène.
Les mécanismes de l'hypoxie peuvent être comparés à ceux de l'exercice physique. De fait, si ce dernier fatigue l'organisme, il induit par ailleurs un rebond qui le consolide et le fait progresser.
Entretien avec le Dr Samuel Vergès, chargé de recherche INSERM, laboratoire Hypoxie Physiopathologie (UGA/INSERM), Grenoble
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