Une pratique en douceur

Un cercle vertueux entre asthme et sport

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Publié le 23/01/2020
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Encore trop de jeunes patients asthmatiques ont un asthme non contrôlé et ne font pas de sport. Or un faible niveau d'activité physique est associé à une maladie asthmatique plus sévère.
Dans trois-quarts des cas, les jeunes patients éprouvent une gêne

Dans trois-quarts des cas, les jeunes patients éprouvent une gêne
Crédit photo : phanie

Le sport améliore la maladie asthmatique, sous réserve qu'elle soit bien contrôlée médicalement, de bien choisir son activité et de prendre des précautions avant une séance. En l'absence de contrôle de l'asthme, l'activité physique déclenche une bronchoconstriction, un essoufflement et/ou une toux : de quoi limiter encore plus l'activité. « Ces enfants asthmatiques non sportifs ont une faiblesse des muscles respiratoires et des performances physiques diminuées, au risque de les désocialiser. Il existe un lien clair entre leur limitation physique et leur qualité de leur vie. C'est pourquoi en consultation – même pour un autre motif  il est toujours capital de demander à un jeune asthmatique s'il est gêné ou non quand il pratique une activité physique. Si la réponse est « oui » comme dans les trois-quarts des cas  tout est à revoir : la prise en charge de l'asthme et les conseils pour pratiquer un sport », résume le Dr Yan Martinat, pneumologue au Centre médical Parot, Lyon.

Choisir son activité

Une activité physique légère régulière, trois fois par semaine, est corrélée à un meilleur contrôle de l'asthme. « Léger signifie : sans transpirer et sans hyperventiler. À l’inverse, une activité physique intense plus de trois fois par semaine n'améliore pas le contrôle de l'asthme et induit des bronchoconstrictions (1), souligne le Dr Martinat. L'absence d'activité physique est aussi corrélée à une dégradation ».

Il faut que ces activités légères se déroulent dans un environnement qui ne soit pas trop froid, sec, chaud, ou pollué. Ainsi le ski de fond, le patin à glace, le footing dans une atmosphère très froide ou très polluée, le vélo en montagne ou la natation intensive dans une piscine chlorée, ne sont pas recommandés. « Au contraire, les sports de ballon sont bien tolérés, tout comme le judo, le karaté, le taekwondo, la voile, la danse, liste le Dr Martinat. La plongée sous-marine relève d'une contre-indication formelle sauf en cas d'asthme parfaitement contrôlé et stable. L'équitation n'est pas interdite aux asthmatiques sous réserve qu'ils ne soient pas (ou ne deviennent pas) allergiques au cheval ».

Ces précautions ne sont pas vaines. Même si cela se produit rarement, entre 1993 et 2000, 61 décès liés à l'asthme survenus pendant une séance de sport, ont été recensés : ils concernaient plutôt des hommes jeunes avec un asthme léger ou intermittent, au cours d'une activité physique récréative ou compétitive, la course (2).

Un protocole à respecter

L'asthme doit être contrôlé avant de commencer le sport. Il faut ensuite évaluer l'intensité de l'exercice qui déclenche une hyperventilation pour ne pas franchir ce seuil. Une fois le seuil de déclenchement de la bronchoconstriction connu, des protocoles d'exercices réalisés avec un kinésithérapeute permettent de le déplacer.

Autres conseils donnés à l'enfant et à ses parents : « il doit prendre le temps de bien s'échauffer pendant une vingtaine de minutes avant la séance. On peut prendre préventivement un bronchodilatateur de type salbutamol, vingt minutes avant ou, en cas d'échappement thérapeutique, un bronchodilatateur de longue durée d'action de type salmétérol ou formotérol et/ou, des antileucotriènes deux heures avant le début de l'exercice », rappelle le Dr Martinat.

Dans une étude (3) où les mères de 115 enfants asthmatiques étaient interrogées, 96 % considéraient que l'activité physique était importante, mais 37 % imposaient malgré tout des règles de restriction physique à leur enfant (même en période où l'asthme semblait contrôlé), 50 % craignant une exacerbation de l'asthme.

Entretien avec le Dr Yan Martinat (Centre médical Parot, Lyon)

(1) Russell MA et al. J. Asthma 2017 Nov; 54(9):938-45

(2) Becker JM  et al. J Allergy Clin Immunol. 2004 Feb;113(2):264-7

(3) Dantas FM et al. BMC Public Health. 2014 Mar 28;14:287

Dr Nathalie Szapiro

Source : Le Quotidien du médecin