En général, l’immunosuppression et les comorbidités sont associées à un risque accru d’infection grave chez les patients atteints de RIC. Ainsi, cette population peut être plus à risque d’une évolution sévère de l'atteinte par le SARS-CoV-2, avec plus de complications, d'hospitalisations, de transferts en unité de soins intensifs ou de décès. Les données de la littérature sont encore peu nombreuses.
Pour répondre à cette question, une étude (1) a été menée à partir des données du registre Covid-19 Global Rheumatology Alliance, recueillies du 24 mars au 20 avril 2020. Le recueil des données provient d’une plateforme située à l’université de Manchester pour l'Europe et à San Franscisco pour le reste du monde. A travers 40 pays, 600 cas Covid-19 (confirmés pour 73% par PCR) chez des patients souffrant de RIC ont été analysés.
L'âge et les comorbidités, facteurs de risque d'hospitalisation
Les résultats ont été présentés par le Dr Pedro Machado (Londres), lors d’une conférence de presse en ligne. Les femmes étaient majoritaires (71 %) et la moyenne d’âge était de 56 ans (45-67). La polyarthrite était la pathologie la plus fréquente (38 %), puis le lupus (14 %), le rhumatisme psoriasique (12 %) et la spondyloarthrite axiale (8 %). La principale comorbidité était l’hypertension artérielle (33 %), puis une pathologie pulmonaire (21 %), le diabète (12 %), une maladie cardiovasculaire (11 %) et une insuffisance rénale chronique (7 %). 75 % des patients étaient non-fumeurs.
30 % des patients étaient considérés en rémission et 50 % avaient un faible niveau d’activité de leur maladie. Concernant les traitements, 45 % des patients étaient sous csDMARDs et 18 % sous biologiques ou inhibiteurs de JAK. 32 % étaient traités par corticoïdes et 11 % à une posologie ≥ 10 mg/j. Si 9 % des patients sont décédés, un peu moins de la moitié (46 %) ont été hospitalisés (des chiffres à relativiser, les registres collectant généralement seulement les cas plus graves).
Conformément aux études antérieures sur le Covid-19 réalisées dans différentes populations, davantage de patients hospitalisés avaient plus de 65 ans (43 % versus 16 % des patients non hospitalisés, p<0,001). Les patients hospitalisés présentaient également plus de comorbidités, telles que l’hypertension (45 % vs 23 %), les maladies cardiovasculaires (14 % vs 7 %), des atteintes pulmonaires (30 % vs 14 %), le diabète (17 % vs 7 %) et l’insuffisance rénale chronique (12 % vs 2 %).
Les biothérapies bénéfiques
Concernant les traitements pris avant l’infection, la corticothérapie à une posologie ≥ 10 mg/j, était associée à un risque d’hospitalisation doublé (OR 2,05 IC 95 % 1,06-3,96), conformément aux études antérieures montrant un risque accru d’infection avec des doses élevées de corticoïdes.
Les csDMARDs seuls ou associés aux biothérapies ou inhibiteurs de JAK ne montraient pas plus de risque, tout comme les AINS et les antipaludiques. En revanche, une monothérapie par biothérapie réduisait les risques d’hospitalisations, principalement l’usage des anti-TNF (OR 0,40 IC 95 % 0,19-0,81). L’avantage potentiel des biothérapies dans le traitement du Covid-19 peut d’ailleurs s’expliquer car les patients atteints d’une forme sévère présentant des niveaux de cytokines plus élevés. D'ailleurs, les inhibiteurs de l’IL-6 sont à l’étude, en particulier dans le contexte de l’orage cytokinique.
Ces données rassurantes confirment les recommandations de l’EULAR selon lesquelles les traitements doivent être poursuivis en l’absence d’infection au Covid-19.
(1) Gianfrancesco M. et al. Ann Rheum Dis 2020 May 29
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