La SPI peut être assez fréquemment à l’origine de complications neurologiques (jusqu’à 40 % des cas). Les déformations vertébrales sont également possibles. « Il existe des recommandations de prise en charge des affections ostéo-articulaires, assez anciennes (2007), pas toujours appliquées, qui proposent une immobilisation, mais avec un faible niveau de preuve », explique le Dr Adrien Le Pluart (Nantes). Le but de l’étude SPONDIMMO (1) était de décrire la pratique de l’immobilisation dans une large cohorte de patients atteints de SPI et d’évaluer l’association entre l’immobilisation et la survenue de complications neurologiques mineures (déficit sensitif, radiculalgie…) et majeures (déficit moteur, trouble sphinctérien).
Une large cohorte prospective de 250 patients
Recrutés dans 11 centres hospitaliers, 250 patients adultes ont été inclus. Ils avaient une SPI confirmée à l’imagerie et un germe identifié ou une bonne réponse à une antibiothérapie en cas de prélèvement stérile. Les données cliniques, biologiques, d’imagerie, de traitement à l’admission et durant le suivi à 3 et 6 mois ont été recueillies.
L’immobilisation rachidienne stricte était définie comme une immobilisation par corset rigide pendant une durée minimale de 6 semaines.
La population recrutée était comparable à celle habituellement atteinte de SPI : patients de 66,7 ans d'âge moyen, principalement des hommes (67,2 %) et avec un délai de diagnostic un peu long (25 jours en moyenne). Au diagnostic, 25,6 % des patients présentaient des signes neurologiques mineurs et 9,2 % une atteinte neurologique majeure.
Au cours du suivi, l’apparition de signes mineurs est survenue chez 9,2 % des patients. Les complications majeures sont apparues dans 6,8 % des cas, au bout d'une durée médiane de 11 jours.
Une immobilisation par corset rigide a été prescrite chez 64, 8 % des patients et pour une durée minimale de 6 semaines dans 44 % des cas. Les facteurs associés à cette prescription étaient : le centre, le jeune âge, la compression du sac dural et les signes neurologiques majeurs au diagnostic. « Notre étude a montré une grande différence dans les pratiques, les critères et les modalités d’immobilisation selon les centres prenant en charge ces infections ostéoarticulaires », souligne le Dr Le Pluart.
Une immobilisation stricte à mieux cibler
Les résultats n'ont montré aucune différence significative dans l’apparition secondaire des complications neurologiques mineures entre les patients immobilisés strictement et les autres (respectivement 10,9 % et 5,9 %), de même pour les complications neurologiques majeures (4,5 % versus 6,7 %). La durée de l’immobilisation prescrite n’était pas associée à l’apparition de complications neurologiques. Il n’y avait pas de différence significative sur l’évolution fonctionnelle ou sur l’EVA douleur à 3 et 6 mois entre les deux groupes de patients.
« Ainsi, il apparaît que l’immobilisation stricte telle qu’elle est recommandée n’est pas forcément justifiée. Elle n’est pas nécessaire pour tout le monde. Il faudrait mieux cibler les patients en fonction des signes cliniques et d’imagerie, conclut le Dr Le Pluart. J’espère que notre étude pourra permettre d’améliorer de futures recommandations ».
(1) Le Pluart A. et al. Abstract 423
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