Force a été de constater, à l'occasion de la 52e édition de l’Asco (3-7 juin 2016, Chicago), que les espoirs peut-être excessifs placés dans l’immunothérapie et les thérapies ciblées, ont dû être révisés à la baisse.
Pour l’immunothérapie, de très bons résultats ont été constatés sur le mélanome métastatique. Les travaux de Caroline Robert et coll. ont en effet montré que trois ans après le traitement, 40 % des patients étaient encore vivants. « Des résultats extraordinaires pour cette tumeur et, avec le recul disponible aujourd’hui, on peut imaginer que cette survie va se prolonger longtemps », a estimé le Pr Christophe Letourneau (institut Curie, Paris). D’autres essais d’immunothérapie pour différents types de cancers (vessie, poumons, surrénales, estomac, système digestif) ont également donné des résultats intéressants. Cependant, on note que le taux de patients répondeurs à l’immunothérapie est compris entre 10 et 20 %, ce qui laisse 80 à 90 % de malades ne répondant pas à ce type de traitements.
L’espoir des associations
D’où la nécessité de développer des biomarqueurs prédictifs de réponse à l’immunothérapie. Plusieurs ont déjà été mis au point comme le PD-L1 ou le PD-L2, mais remarque Christophe Letourneur, « ils ne sont pas très spécifiques et le nombre de faux positifs ou de faux négatifs reste élevé ». Les chercheurs s’orientent également vers l’association de différentes immunothérapies pour augmenter le nombre de répondeurs. Plusieurs essais (très préliminaires) sont en cours combinant plusieurs molécules d’immunothérapie, associant une immunothérapie à une chimio, à une radiothérapie ou à une thérapie ciblée. Sachant que si l’efficacité augmente avec ces associations, la toxicité du traitement croît également. « La difficulté est donc de rendre plus efficace le traitement, tout en gardant une toxicité correcte », résume le Pr Letourneau.
Si l’immunothérapie, décevant les attentes, ne bénéficie pour l’instant qu’à une minorité de patients, des avancées ont été mises en évidence avec les traitements plus traditionnels. Ainsi, dans le glioblastome, une tumeur du cerveau souvent traitée par radiothérapie, un essai européen de phase 3 a montré un bénéfice pour les patients lorsqu’on ajoutait de la chimiothérapie au traitement habituel.
Une nouvelle association de chimiothérapie a également été testée, sur le cancer du pancréas : la combinaison du Gemzar® et du Xeloda®, qui s’est révélée plus efficace que le Xeloda® seul, après chirurgie. En outre, l’association de ces deux traitements permet de diminuer le risque de récidive. Par ailleurs, un vaste essai canadien montre que, pour les femmes atteintes d’un cancer mammaire hormono-sensible, poursuivre l’hormonothérapie pendant dix ans au lieu de 5 augmente les chances de survie sans rechute (on passe d’un taux de 91 % de survie sans cancer à 97 %). Le problème posé par l’hormonothérapie est sa tolérance. Elle est en effet susceptible d’entraîner des douleurs articulaires, des bouffées de chaleur, une sécheresse des muqueuses, une fatigue et une prise de poids.
Thérapies ciblées : combattre les résistances
Les thérapies ciblées, en sont maintenant à leur 2e génération. En effet, ciblant des altérations moléculaires, elles fonctionnent pendant un certain temps au bout duquel apparaissent des résistances. Il faut alors employer des inhibiteurs de 2e génération agissant sur ces résistances. Différents essais cliniques sont en cours avec ces inhibiteurs secondaires. Dans le cancer du poumon notamment, où, lors du traitement dirigé contre EGFR (le récepteur de l’EGF), apparaissent des résistances sous la forme d’une mutation nommée T790M, désormais ciblée par un nouveau médicament. « Mais il s’agit d’une course thérapeutique car de nouvelles résistances se déclareront ensuite inéluctablement », souligne le Pr Letourneau.
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