« Les oncologues et les ministres de la Santé sont bien contents de nous trouver pour mettre en place les dépistages organisés des cancers du côlon et du sein ! Mais nous ne sommes jamais prévenus des réunions d'ONCO RCP. Pourtant nous y avons notre place, et même une place prépondérante, car c'est souvent nous qui avons découvert le cancer chez des malades que nous connaissons souvent très bien depuis des décennies et dont nous savons les comorbidités. » À en croire les commentaires reçus, ils sont plus d’un dans la profession à piaffer, à l’exemple de ce confrère toulonnais.
Dans la lutte contre le cancer, c’est en effet surtout en amont des traitements que le généraliste s’illustrerait surtout aujourd’hui. Sur une échelle de 1 à 10, le dépistage obtient en effet d’emblée le plus grand suffrage (8,57) auprès des intéressés. Et pour cause. Depuis les années 2000, le programme de dépistage de masse du cancer colo-rectal fait du médecin traitant un acteur incontournable. Plus récemment, la ROSP a étendu ce rôle, incluant dans les objectifs de performance, le taux de femmes ayant subi mammographies et frottis dans la patientèle. Et, au-delà du dépistage de masse, c’est aussi lors du colloque singulier que se distillent suggestions voire prescription de dépistages aux patients. Parfois à rebours des recos comme pour le dosage de PSA. Passé le diagnostic, les généralistes placent aussi dans leurs attributions l’orientation rapide du patient vers l’équipe d’oncologie ad hoc (8,32/10).
Prêt à accepter un rôle accru dans le dépistage et la prévention
À l’avenir, le médecin de ville semble d’ailleurs prêt à accepter un rôle accru, bien sûr dans le dépistage, la prévention ou l’orientation des cancers vers l’équipe spécialisée (presque 9/10 pour chacun), mais aussi dans le suivi des traitements, l’éducation thérapeutique, l’accès aux soins de support et même la participation aux chimios à domicile, toutes évolutions qui récoltent autour de 7,5/10.
À ce jour, près d’un praticien sur deux qui a répondu à notre enquête serait d’ailleurs déjà investi dans le suivi les chimios à domicile et a fortiori dans l’accompagnement des thérapies orales à domicile. Et quand on leur demande quels sont les freins à la réalisation par eux-mêmes de chimios ambulatoires, c’est encore les réticences des oncologues à les laisser faire qui arrivent en tête, citées par 64 % des répondants. Même si 46 % des réponses évoquent aussi manque d’information sur les effets indésirables (46 %), de compétence (38 %), de temps (38 %) ou valorisation insuffisante pour le faire (38 %).
Au total, pour remettre la médecine de ville dans le circuit, il reste beaucoup à faire. Les pouvoirs publics en sont-ils conscients ? En tout cas, les généralistes sont demandeurs dans leur majorité et pour certains déjà dans les starting-blocks. Comme ce confrère installé dans le Sud-Est : « J'affirme haut et fort que le médecin généraliste, s'il se forme et se tient au courant est irremplaçable et particulièrement en cancérologie. Et pour ce qui est du rapport qualité/prix, on peut difficilement trouver mieux ! Cela n'a d'ailleurs pas échappé au Plan cancer 3 qui commence un peu tard et timidement à nous caresser désormais dans le sens du poil ! Mieux vaut tard que jamais…»
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