Le conseil scientifique chargé de conseiller le gouvernement dans la gestion de la crise sanitaire recommande, sans attendre la mise à disposition d'un vaccin, d'élaborer dès à présent une stratégie vaccinale contre le coronavirus. « Il est dès à présent crucial d’élaborer une stratégie vaccinale nationale, afin que cet outil puisse être intégré efficacement dans la stratégie plus globale de lutte contre l’épidémie Covid-19 dès sa disponibilité », stipule l'avis du conseil du 9 juillet rendu public ce vendredi.
Constatant que la recherche, à l’échelle mondiale pour la mise au point d’un vaccin anti Covid-19 est particulièrement active, le conseil scientifique estime indispensable de « fixer une doctrine de la vaccination », et « d’anticiper des questions aussi fondamentales que " qui vacciner et comment " dès qu’un vaccin sera disponible ».
Pas d'obligation
La quinzaine de membres co-signataires de l'avis considèrent que la « vaccination obligatoire n’est ni souhaitable ni envisageable » mais ils relèvent qu'« une stratégie de vaccination fondée sur des choix purement individuels peut manquer d’efficacité et se révéler injuste socialement ». Aussi préconisent-ils d'associer l’ensemble des acteurs concernés (dont les patients) aux orientations qui seront prises.
La stratégie vaccinale devra tenir compte de plusieurs facteurs essentiels comme le type de réponse immunitaire induite par le SARS-CoV-2, les caractéristiques des vaccins disponibles, le nombre d'injections nécessaires, etc; mais aussi établir quelles seront les populations à protéger en priorité et préciser les circuits de vaccination. Le conseil scientifique observe par ailleurs l'importance d'emporter l’adhé́sion du plus grand nombre de concitoyens dans un contexte de défiance important envers les vaccins.
Les généralistes, parmi les professionnels prioritaires
Soucieux d'éviter tout risque d'accident, le conseil scientifique se dit défavorable à « un challenge infectieux par SARS-Cov-2 chez des volontaires sains après vaccination ». Ces tests ne s'imposent pas sur le plan scientifique et poseraient d'importants problèmes éthiques.
Alors que de nombreux pays sont engagés dans une « course » à la réservation de vaccins, l'instance scientifique recommande de prendre le temps de mener une « évaluation rigoureuse de l’efficacité et de la sécurité » des candidats vaccins avant leur utilisation à grande échelle.
Le Conseil scientifique estime que près de 7 millions de personnes, concernées par un risque d'exposition professionnelle, devraient être vaccinées en priorité en France. Parmi elles figurent 1,8 million de personnes « à priorité très élevée » dont les 230 000 médecins libéraux et hospitaliers (les médecins généralistes sont cités comme les médecins urgentistes, infectiologues, pneumologues, médecins du SAMU...), les 700 000 infirmiers et 400 000 aide-soignants...
La profession devrait être investie dans la vaccination
Dans son avis, le Conseil recommande d'organiser la vaccination au plus près des personnes concernées. « Les professionnels de soins de santé primaire sont parmi les acteurs à investir pour réussir une campagne de vaccination pertinente, efficiente et avec un haut niveau d’acceptabilité. Cela implique les spécialistes de médecine générale, les infirmiers, les pharmaciens », préconise-t-il.
Beaucoup de Français n'étant pas à jour de leurs vaccins du fait du confinement, le Conseil scientifique recommande d'intégrer les vaccinations grippale et pneumococcique dans la réflexion. Une attention particulière devra être portée pour qu'aucun obstacle financier n'entrave l'accès aux vaccins du plus grand nombre. « La mise à disposition du vaccin sans reste en charge, avec une couverture intégrale du coût par la CNAM, est essentielle pour favoriser une mise en place effective de cette vaccination », conclut l'instance scientifique.
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