La participation des médecins généralistes aux suivis de grossesse progresse nettement depuis plusieurs années. C’est en tout cas le constat que fait une étude de la DRESS (octobre 2016) auprès du panel de médecins généralistes. 84 % des praticiens, interrogés en 2014-2015 considèrent que ces suivis font partie de leurs missions. Mais si 87 % indiquent avoir fait un diagnostic de grossesse au moins une fois par trimestre, l'implication semble moins forte ensuite pour le suivi d'une grossesse : 57 % ont reçu au moins une fois par trimestre une patiente lors de ce suivi.
Ce sont les jeunes praticiens qui sont les plus enclins à suivre les patientes enceintes. Et plus souvent les femmes que les hommes, même si les statisticiens du ministère de la Santé attribuent cette propension à un effet de génération plutôt que de genre. Les chercheurs expliquent cela par la plus grande place accordée ces dernières années à la gynécologie-obstétrique dans le cursus universitaire médical, note la DREES. Mais ils observent aussi que l'investissement plus ou moins grand des généralistes sur cette activité est aussi très liée à la démographie locale des gynécologues et sages-femmes. "Les réponses des médecins généralistes suggèrent une certaine spécialisation d'une partie des praticiens dans le suivi de la grossesse," remarquent aussi l'étude, qui rapporte qu'un praticien sur dix suit au moins une fois par semaine des patientes enceintes. En groupe, ou en MSP, certains généralistes auraient même de facto un rôle de référent pour la structure.
Qui applique les recos ?
Les auteurs de la DREES remarquent que les généralistes effectuant des suivis de grossesse déclarent des pratiques très diverses, tant en termes de mise en application de recommandations, que d’utilisation d’outils d’aide au suivi et d’échanges avec les professionnels spécialisés. Ainsi, alors que selon la HAS, ce test doit être proposé systématiquement à toute femme enceinte, les patientes de 25 ans se voient proposer systématiquement un dépistage du VIH alors qu’une part non négligeable de médecins ne le proposent pas aux patientes de 40 ans.
De plus, si 85 % des médecins prescrivent une glycémie à jeun (conformément aux recos HAS) aux patientes de 40 ans et plus, 73 % seulement disent le faire pour les patientes de 25 ans sans facteurs de risque. Enfin, seuls 30 % déclarent connaître l’entretien prénatal précoce, alors que celui-ci s’inscrit dans le cadre plus global des mesures dites « de préparation à la naissance et à la parentalité » prévues par le Plan périnatalité 2005-2007.
Plus en liens avec les obstétriciens qu'avec les gynécologues médicaux
Autre constat : l'âge de la patiente joue énormément dans la décision de suivi. 63 % des professionnels interrogés se disent prêts à commencer le suivi d'une patiente enceinte de 25 ans, mais si elle a 40 ans, une majorité (58 %) préfère passer la main. Selon les recommandations de la HAS, le suivi régulier d’une grossesse peut être assuré par le généraliste jusqu’au 7e mois, lorsque cette dernière se déroule sans situation à risque ou lorsque cette situation relève d’un faible niveau de risque. Or, 79 % des praticiens déclarent qu’ils confieraient le suivi à un professionnel spécialisé entre le 6ème et le 8ème mois. Et l’âge de la patiente enceinte influe aussi sur la durée de suivi. Adresser une patiente à un professionnel spécialisé avant le 7e mois est un peu plus fréquent pour les femmes âgées de 40 ans.
L’étude aborde aussi l’usage du carnet de maternité, autrefois appelé « carnet de grossesse, qui a été relancé par le dernier plan national de périnatalité, afin de faciliter les échanges entre les professionnels des secteurs médical et social. 53 % des généralistes assurant un suivi de grossesse l’emploient, 23 % le connaissent, mais ne l’ont jamais utilisé et 24 % ne le connaissent pas.
Quant à l’interlocuteur privilégié par les généralistes dans ce suivi, il reste à 80 % le gynécologue obstétricien, car certains généralistes se sentent plus en concurrence pour le suivi avec les gynécologues médicaux, consultés dans 20 % des cas.
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