Il existe un « effet week-end » sur l’issue d’une chirurgie. Ce constat déconcertant a été posé par des chercheurs canadiens dans une étude menée sur 429 691 patients adultes, en comparant leur pronostic à 30 jours, 90 jours et un an après une chirurgie, selon qu’elle a eu lieu un jour avant ou un jour après le week-end. Les personnes opérées juste avant le week-end avaient une augmentation, légère mais significative, du risque de complications périopératoires, de réhospitalisations et de mortalité à long terme.
Le phénomène s’observe dans de nombreuses spécialités chirurgicales : cardiothoracique, générale, plastique, thoracique, vasculaire, orthopédique, neurochirurgicale, obstétricale et gynécologique, otorhinolaryngologique et urologique. Les résultats de l’étude sont publiés dans le Jama Network Open.
Expérience des chirurgiens et sous-effectif de service
À 30 jours, les patients opérés le vendredi avaient un risque de 8,49 % d’avoir un mauvais pronostic composite (décès, complications, réhospitalisations) contre 8,13 % le lundi (adjusted odds ratio [aOR] : 1,05), soit une différence absolue ajustée du risque de 0,36 %. L’augmentation du risque a aussi été retrouvée de manière individuelle pour le décès (aOR : 1,09) et pour une longue hospitalisation (risque relatif ajusté : 1,06).
À moyen et long termes, les résultats sont similaires. À 90 jours, le taux de mauvais pronostic composite était de 12,14 % pour le groupe opéré en fin de semaine, contre 11,58 % pour les autres (aOR : 1,06 ; différence absolue ajustée du risque : 0,57 %). À un an, ce même risque est de 22,64 % avant le week-end contre 21,84 % (aOR : 1,05 ; différence absolue ajustée du risque : 0,81 %). Le risque de décès était individuellement plus fort pour le groupe pré-week-end à raison d’un aOR de 1,10 (contre 1,12).
Pour les causes possibles, les chercheurs n’ont retrouvé aucune influence du lieu de résidence, de l’âge, du sexe, des comorbidités ou du statut économique des patients. Du côté des chirurgiens et anesthésistes, aucune incidence du sexe, de la spécialité ou du volume de cas annuels n’a été observée. Les seuls facteurs associés à une petite variation étaient l’âge des chirurgiens et les années d’expérience. En effet, les chirurgiens opérant avant le week-end étaient légèrement plus jeunes et moins expérimentés que leurs collègues de début de semaine à raison d’un âge médian de 47 ans contre 48 et une expérience médiane de 14 ans contre 17.
D’autres études anglaises, hollandaises et nord-américaines aboutissent à des observations similaires. Ainsi, les chercheurs envisagent des causes multifactorielles mêlant problèmes d’effectifs, de disponibilité du service et de coordination des soins. « Il est important pour les systèmes de santé d’évaluer comment “l’effet week-end” influe sur les pratiques pour assurer des soins d’excellence aux patients quel que soit le jour », estiment les auteurs.
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