La médecine thermale ne pèse chaque année que 0,18 % de l’ensemble des dépenses d’assurance-maladie.
Mais dans un contexte de chasse aux prestations superflues, les acteurs du thermalisme multiplient les efforts pour apporter davantage de preuves du service médical rendu (SMR) de leur offre de soins dédiée principalement aux malades chroniques. « Il y a deux ans, à l’occasion du renouvellement de la convention thermale quinquennale, la CNAM nous a demandés d’apporter la preuve du service médico-économique » de la médecine thermale, rappelle Thierry Dubois, président du Conseil national des établissements thermaux (CNETh). Dans cette optique, l’Association française pour la recherche thermale (Afreth) a lancé une étude médico-économique d’envergure inédite dans l’univers du thermalisme. Baptisé Ecotherm, ce projet financé par l’Afreth est le fruit d’un partenariat entre l’Institut de santé publique, d’épidémiologie et de développement (ISPED), Open Rome et la Mutualité de la fonction publique (MFP Services). Cette dernière, qui gère à la fois les régimes obligatoire et complémentaire de 1,3 million de fonctionnaires, a permis aux chercheurs d’étudier une typologie de données actuellement inaccessibles du côté de l’assurance-maladie. L’étude Ecotherm vise à comparer l’évolution des consommations en soins thermaux en ambulatoire par grands postes de dépenses, avant et après les cures. Pour ce faire, les chercheurs se sont appuyés sur une vaste cohorte de 10 540 adhérents de la MFP ayant suivi une cure thermale entre 2006 et 2012. Au regard de plusieurs critères combinés, un sous-groupe de 4 429 patients souffrant « probablement » de troubles ostéo-articulaires a été constitué et analysé dans un premier volet de l’étude.
Baisse de consommation des soins
Au sein de cet échantillon de malades, les auteurs de l’étude font état d’une baisse « significative » des dépenses en soins ambulatoires, de l’ordre de 185 euros par patient au cours des six mois suivant la cure. Ainsi, ces dépenses de santé s’élevaient en moyenne à 1 530 euros durant cette période contre 1 715 euros dans le premier semestre précédant la cure. Cette baisse de 10 % concerne principalement les dépenses liées aux soins de physiothérapie, médicaments, consultations rhumatologiques, frais de radiologies et soins de médecine générale. « Chez ces curistes qui ont vraisemblablement un problème ostéo-articulaire, émerge l’idée d’une baisse de consommation de soins très évocatrice d’une amélioration de leur état de santé », avance le Dr Jean-Marie Cohen, médecin généraliste, président d’Open Rome et co-reponsable de l’étude Ecotherm au coté de Jérôme Wittwer, économiste de la santé à l’ISPED.
Des effets à mesurer à long terme
Ces résultats préliminaires, qui seront détaillés au 18e congrès européen de l’ISPOR* qui se tiendra à Milan du 7 au 11 novembre prochains, doivent toutefois être interprétés avec prudence. « Il faut attendre de voir s’il n’y a pas le même phénomène de baisse de consommation de soins chez les non-curistes », qui seront d’ici peu au centre du second volet d’Ecotherm, tempère le Dr Cohen. Pour donner plus de force à ce projet d’étude, le responsable d’Open Rome envisage « une étude avec suivi sur dix ans » dans le but d’observer les effets à long terme des cures thermales chez les personnes présentant un problème ostéo-articulaire. « Ecotherm pourrait être le prototype d’une étude beaucoup plus large réalisable par la CNAM », avance le Dr Cohen. La dernière évaluation médico-économique d’envergure de l’assurance-maladie dans le champ de la médecine thermale remonte à… 1983.
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