Dr Jean-Paul Ortiz (CSMF) : « Il y a beaucoup d'arguments pour ne pas signer cette convention »

Publié le 24/08/2016
Ortiz

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Crédit photo : S. Toubon

LE QUOTIDIEN : Quel est votre état d'esprit à quelques heures de votre assemblée générale, sachant que les conditions requises pour l'adoption de la convention sont réunies ?

Dr JEAN-PAUL ORTIZ : Nous sommes encore très très partagés. Il y a un grand sentiment de déception à l'intérieur de la maison. Ce texte conventionnel fait l'objet d'un large débat au sein de la CSMF, qui a soutenu un certain nombre de propositions pour faire évoluer la profession des médecins libéraux. Pour nous, le compte n'y est pas vraiment. On ne s'y retrouve pas, ou pas bien.

Nous avons porté la hiérarchisation du tarif de la consultation. J'avais proposé quatre niveaux pour aller vers quelque chose de plus simple que le système de majoration actuel. Au final, il n'y a qu'un embryon de hiérarchisation avec la création d'actes complexes et très complexes. Surtout, l'utilisation de ce système par les médecins est limitée, d'autant plus que la liste de cas cliniques est trop restreinte à nos yeux. Enfin, le tarif ne correspond pas à ce qu'on avait demandé.

De même, le financement du forfait structure est un artifice de présentation pour nous. Ce texte ne permet donc pas la réalisation du projet novateur que nous avons défendu ces derniers mois.

La CSMF va-t-elle signer cette nouvelle convention ?

Il y a beaucoup d'arguments aujourd'hui pour ne pas signer ce texte, qui ressemble beaucoup à la convention actuelle. Je ne peux pas vous dire si la balance penchera dans un sens ou dans un autre. La CSMF est traditionnellement et historiquement un syndicat qui propose et qui accompagne les réformes. C'est plutôt dans son ADN d'être « conventionniste », ce qui explique d'ailleurs le fait que nous soyons très embêtés.

Les spécialistes sont particulièrement déçus par ce projet de convention, ainsi qu'un nombre important de généralistes. Cela montre bien que l'ambition de la CSMF n'est pas uniquement tarifaire. Je ne nie pas que les deux euros de majoration en plus sur la consultation, portée à 25 euros, sont une avancée. Nous y avons d'ailleurs fortement contribué. Mais ce n'était qu'un préalable pour aller plus loin. Or, on s'est arrêté là, ou presque. C'est très décevant.

Une alliance est-elle possible avec le SML pour empêcher l'application de la convention (les syndicats ayant recueilli 50 % des voix aux dernières élections professionnelles dans un collège peuvent le faire) ?

Ce n'est pas envisageable pour nous, nous ne sommes pas dans cette logique-là. De toute façon, l'avenir devra se construire avec l'ensemble des médecins et avec la CSMF. Quelle que soit la décision de l'assemblée générale, nous continuerons à porter des propositions, car il est fondamental de rénover le métier de médecin libéral, que ce soit par le biais de la convention, ou par d'autres biais. Tout ne se résume pas à la convention. Au niveau réglementaire, législatif et politique, nous continuerons le combat.

Propos recueillis par Marie Foult

Source : lequotidiendumedecin.fr
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