Dès janvier, les EHPAD et les unités de soins de longue durée (USLD) ouvriront le bal de la vaccination – avec le vaccin Pfizer/BioNTech – pour leurs résidents et personnels à risque de forme grave (plus de 65 ans, comorbidités).
D'ici là, l'agenda s'annonce serré. Le secteur du grand âge (fédérations d'établissements et composantes du CNP de gériatrie) a été réuni en début de semaine par la ministre déléguée à l'Autonomie Brigitte Bourguignon pour évoquer le déroulé de cette première phase de la stratégie vaccinale. Une fois l'autorisation de mise sur le marché obtenue et l'avis de la HAS publié, les vaccins seront distribués aux établissements depuis les zones de stockage (dans les hôpitaux ou les pharmacies référentes), où ils sont conservés à -70 °C. « Les doses reçues seront surgelées et devront donc être utilisées dans les 5 jours, sachant que la campagne de vaccination se fait en deux injections, à 21 jours d'intervalle », explique Florence Arnaiz-Maumé, déléguée générale du Synerpa (EHPAD privés), qui évoque un temps court « quasi militaire ».
Outre ce défi logistique, il faudra rechercher le consentement « libre et éclairé » des résidents, le vaccin n'étant pas obligatoire, puis organiser une consultation médicale préalable avec le médecin traitant. Ce recueil du consentement s'annonce ardu pour les personnes atteintes de pathologies neurodégénératives, sans tutelle ou curatelle. « Cela pourrait poser problème, reconnaît le Dr Gaël Durel, président de l’Association des médecins coordonnateurs et du secteur médico-social (Mcoor). En dernier recours, c'est le médecin traitant qui devra prendre la décision en fonction des valeurs éthiques exprimées par le résident, ou le médecin coordonnateur s'il n'y a pas de médecin traitant. » Un avis a été demandé au comité consultatif national d'éthique (CCNE) sur ce point.
L'injection des doses se fera en fonction des organisations locales. « Si cela ne peut pas être effectué sur place par le médecin coordonnateur et les infirmiers, on pourra le faire avec des équipes mobiles de vaccination, qui existent dans certains départements », précise le Dr Durel. La FHF a demandé qu'à défaut de médecin coordonnateur, un médecin référent soit désigné par la délégation territoriale de l’ARS. Le secteur attend des réponses rapides sur ces questions, tout comme sur les éléments scientifiques sur le vaccin Pfizer (effets secondaires pour les personnes âgées, intérêt d'une vaccination si une infection au Covid a déjà eu lieu, etc.).
Transparence et pédagogie
Les attentes sont aussi très nombreuses chez les généralistes libéraux que le gouvernement veut impliquer pleinement pour ne pas rééditer le fiasco de la vaccination H1N1 de 2009.
MG France attend les résultats précis des études des laboratoires proposant un vaccin contre le SARS-CoV-2, une « nécessité » pour être transparent et faire œuvre de pédagogie envers les patients. « Tous les jours, on me demande s'il faut se faire vacciner. Tous les jours je réponds que je ne connais pas encore scientifiquement ces vaccins mais qu'ils sont une arme dans la lutte contre l'épidémie », explique le Dr Jacques Battistoni, président de MG France. « Il nous manque des données pour lancer la vaccination dans les cabinets et convaincre les patients, abonde le Dr Luc Duquesnel, président des Généralistes-CSMF. Quelles sont les personnes à écarter ? Quelles contre-indications ? Beaucoup d'inconnues subsistent. »
Concernant l'organisation des cabinets, la coopération entre professionnels et la tarification spécifique, le plan « médecine de ville » n'est pas finalisé. Les réunions de cadrage vont s'accélérer entre le ministère et la médecine de ville – dont une ce vendredi sur la traçabilité et le système de suivi des vaccins. Les syndicats souhaitent en tout cas que l'administration laisse la main aux praticiens dans les territoires. « Dans les cabinets, on ne va pas pouvoir accumuler les patients, il faudra peut-être envisager des lieux avec plus d'espace, dédiés à la vaccination », évoque le Dr Corinne Le Sauder, à la tête de la FMF. À ce stade, « SOS Médecins » n'est pas formellement associé à la stratégie vaccinale mais l'association se dit prête à s'engager.
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