La refondation de la place du vieillissement et des personnes âgées dans notre société quel que soit son âge avec ou sans vulnérabilité est essentielle. S’agissant des personnes vulnérables, elle peut concerner les personnes handicapées à tout âge. Pour moi, quelques principes sont devenus évidents pendant cette crise. Tout d’abord, la vie avant tout ; ensuite, la vie humaine avant toute activité humaine ; et enfin, la nécessité pour chacun de mener une réflexion sur sa relation à lui-même et au monde dans une dimension philosophique, et/ou spirituelle, et/ou psychique.
La crise a montré à quel point il fallait trouver un équilibre entre liberté et sécurité d’une part, entre sécurité physique et sécurité psychique d’autre part. Ces principes devront conduire toutes les réflexions à venir, en ayant en tête qu’on est plus pour la sécurité pour ceux qu’on aime et pour la liberté pour soi. De même, l’égalité de tous, tout au long de la vie, est fondamentale, et le respect de tous les âges impose la lutte déterminée contre l’âgisme. C’est une exigence pour les plus âgés, mais aussi une exigence pour chacun, permettant d’accepter en nous-mêmes ce qu’il y a de vieux, comme ce qu’il y a de jeune. La cohésion du groupe est basée sur la protection des jeunes, qui sont l’avenir du groupe, et la protection des vieux, qui sont l’avenir de chaque membre du groupe. L’avenir de la France, ce sont les jeunes. L’avenir des Français ce sont les vieux, car chaque Français sera vieux
La peur a envahi l’espace public. Pour réfléchir sur la société du lendemain ou du jour d’après, pour parler comme le Président de la République, il faut bien analyser ce qui permet de lutter contre la peur individuelle, comme collective.
La fraternité est une réponse à la peur
Selon moi, les mesures de protection comme le confinement et les mesures barrières ont été des réponses. Continuer de réfléchir sur la peur que nous avons traversée, ou qui nous traverse encore, en est aussi une. Nous devons nous demander comment nommer la peur, à quelle crainte individuelle elle nous renvoie, comment pouvons-nous la dépasser par un travail individuel et collectif. La fraternité est aussi une réponse à la peur, c’est-à-dire ce qui fait que l’on reconnaît l’autre comme son semblable quoi qu’il arrive et que nous pouvons lui faire confiance pour se ressourcer et le ressourcer. D’autres parleront de solidarité, d’autres encore d’amour… Mais pour en rester aux principes de notre République, je retiens la notion de fraternité. Au service de la parole des personnes âgées, j'appelle à un changement de système, dans un monde plus solidaire.
À la fin de la Première Guerre Mondiale, on disait que les soldats de retour du front obligeaient le reste de la nation. Il en va de même pour les salariés des établissements pour personnes âgées et des services à domicile mais aussi des hôpitaux et des cliniques. Leur implication dans les décisions à venir de leur structure est fondamentale. Toutes les démarches permettant leur expression devront donc être favorisées : présence dans les conseils d’administration, développement des instances de représentation du personnel et au-delà développement de toute démarche permettant une plus grande implication de leur intelligence personnelle. C’est pourquoi les démarches de type entreprise libérée doivent être examinées de toute urgence dans le secteur sanitaire et médico-social.
Par ailleurs, un grand récit doit être porté dans son message global par le président de la République, mais ensuite par le premier ministre, et il doit être alimenté au quotidien dans l’équipe gouvernementale par un ministre des Personnes âgées ou de la Longévité. Un tel Ministère pourrait être aussi plus ambitieux et regrouper toutes les politiques de l’autonomie concernant aussi les personnes handicapées ou en situation de handicap.
Ce récit politique doit commencer, bien entendu, par la prédominance de la vie sur toute autre considération, et de la vie humaine sur toute autre considération d’activité humaine. Il ne peut s’agir de survie, mais bien de vie humaine entendue dans la globalité de la santé au sens de l’OMS, santé physique, psychique, affective et sociale.
Conséquemment, la fin de discrimination par l’âge doit être posée fortement et développée concrètement. Le rapport Dufeu-Schubert, sorti en décembre dernier, met en avant les principales dispositions qu’il faudra mettre en œuvre sans tarder. Dans les institutions de la République, au niveau national, comme au niveau décentralisé, les personnes âgées vulnérables doivent être reconnues et représentées, et pas uniquement par des jeunes retraités. La citoyenneté doit être l’axe fondamental de toute démarche auprès des personnes concernées.
EXERGUE : Les démarches de type entreprise libérée doivent être examinées de toute urgence dans le secteur sanitaire et médico-social.
Article précédent
Inventons la Maison gériatrique de proximité, clé de voute d'un EHPAD rénové
Inventons la Maison gériatrique de proximité, clé de voute d'un EHPAD rénové
La crise a montré à quel point il fallait trouver un équilibre entre liberté et sécurité au service des personnes âgées
Transition de genre : la Cpam du Bas-Rhin devant la justice
Plus de 3 700 décès en France liés à la chaleur en 2024, un bilan moins lourd que les deux étés précédents
Affaire Le Scouarnec : l'Ordre des médecins accusé une fois de plus de corporatisme
Procès Le Scouarnec : la Ciivise appelle à mettre fin aux « silences » qui permettent les crimes