Lévothyrox : plainte contre Agnès Buzyn et le ministre de l'Économie pour non-assistance à personne en danger

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Publié le 13/11/2017
levothyrox

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Crédit photo : S. Toubon

Une plainte visant notamment la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, et le ministre de l'Économie, Bruno le Maire, a été déposée vendredi au tribunal de Grasse pour non-assistance à personne en danger dans l'affaire du Lévothyrox. Cette plainte a été déposée par une patiente, par ailleurs avocate, Mme Anne-Catherine Colin-Chauley, qui avait déjà déposé plainte contre le laboratoire Merck pour « mise en danger de la vie d’autrui » fin août 2017.

La plainte vise aussi, pour les mêmes motifs, le laboratoire Merck et l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), ainsi que les médecins et pharmaciens « ayant refusé de prendre en considération les symptômes indésirables de leurs patients », les journalistes et les médias qu'elle accuse d'avoir « orienté les informations » et enfin les députés, sénateurs et maires qui n'auraient pas « honoré leur devoir d'intérêt général ».

Eutirox et Euthyrox

Par ailleurs, un autre avocat, Me Christophe Lèguevaques, qui a assigné le laboratoire Merck dans le cadre d’une action collective de malades, reproche aussi aux autorités sanitaires et à Merck de ne pas faire appel à une usine située à Bourgoin-Jallieu, qui fabrique toujours l’ancienne version du Lévothyrox (commercialisée en France sous le nom d’Euthyrox).

Pour cette ancienne version, l’ANSM indique qu’il « est indispensable de réserver la prescription d’Euthyrox uniquement en dernier recours et en renouvellement pour les patients déjà traités ». Me Lèguevaques dit que, « à l'heure où dans notre pays, des milliers de patients souffrent d'effets secondaires graves liés à la nouvelle formule et se battent quotidiennement pour trouver des comprimés ancienne formule livrés au compte-gouttes dans les pharmacies françaises, cette découverte a de quoi susciter de nombreuses questions ».

Le ministère de la Santé a alors indiqué que l’usine de Bourgoin-Jallieu « fabrique de l’Eutirox (avec un « i ») commercialisé en Italie » et que « l’ancienne formule du Lévothyrox (c’est-à-dire l’Euthyrox, avec un « h » et un « y ») et l’Eutirox ne sont pas les mêmes produits » car les procédés de fabrication ne sont pas les mêmes et la source des composants est différente.

Des composants d'origine différente

Plusieurs patients concernés ont depuis retrouvé un point d’information de l’ANSM datant de 2013 et signalant, à l’occasion de « tensions apparues depuis plusieurs semaines sur l’approvisionnement en Lévothyrox » (il s’agit ici de l’ancienne formule puisque ce point d’information date d’avant la mise sur le marché de la nouvelle formule), que l’Eutirox « est de composition identique au Lévothyrox, en principe actif et en excipients ».

L’ANSM répond que, « même si la formulation en tant que telle est la même » (entre Eutirox et Lévothyrox ancienne formule – donc Euthyrox), les composants n’ont pas la même origine. De plus, « les paramètres de contrôle du produit fini, l'aspect des comprimés et la composition des blisters » diffèrent eux aussi.

MySMARTcab, la plateforme d’actions collectives fondée par Me Christophe Lèguevaques, s’étonne dans un communiqué : « Cette réponse était déjà surprenante : la source des composants et la localisation de l’usine pourraient donc affecter la fabrication de médicament. Lorsque les laboratoires MERCK ont remplacé le lactose par le mannitol dans la nouvelle formule en mars 2017, ce changement n’a pas fait l’objet d’autant de précaution. »

Comme le reconnaissait Agnès Buzyn début septembre, il y avait eu « un défaut d’information » à propos du changement de formule du Lévothyrox.


Source : lequotidiendumedecin.fr
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