Il peut sembler audacieux, dans un contexte de défiance envers l’autorité scientifique et les institutions, de défendre l’obligation vaccinale pour tous contre la Covid-19. À l’heure où la liberté individuelle est brandie en étendard face à un vaccin qui protège, elle est pourtant la seule voie qui puisse permettre au pays de sortir de l’ornière.
En limitant les formes graves et les hospitalisations mais aussi en réduisant la transmissibilité du virus, la vaccination est, au contraire, la clé de notre liberté collective. Faut-il encore le rappeler ? En France, 83 % des personnes hospitalisées pour Covid ne sont pas vaccinées.
Grâce à la mobilisation sans faille des hospitaliers publics, la vaccination a déjà permis de ralentir considérablement l’épidémie, jusqu’à atteindre aujourd’hui un « palier » qui semble difficile à franchir. Seule la vaccination rendue obligatoire à partir de 12 ans peut permettre de dépasser ce « plafond de verre ».
Lutter contre la fracture territoriale
Observé au niveau national, le pourcentage de personnes entièrement vaccinées peut sembler satisfaisant avec 86 % pour les plus de 18 ans et 90 % pour les plus de 65 ans. Une analyse plus fine révèle pourtant de fortes disparités territoriales.
Nous sommes encore loin du « dernier kilomètre » pour parvenir à l’immunité collective. La tempête sanitaire que traversent les départements d’Outre-mer le rappelle. Au 26 septembre 2021 [1], seuls 27,1 % des Français de Martinique ont reçu les deux doses de vaccin contre la Covid-19. Un taux qui plafonne à 26,1 % en Guadeloupe et 17,1 % en Guyane. La Seine-Saint-Denis affiche elle aussi un taux bien en dessous de la moyenne nationale avec 58,4 % de personnes totalement vaccinées. Ces départements ont en commun d’être les plus pauvres de France.
Dans ces territoires, on ne parle pas d’un « dernier kilomètre » à franchir vers une couverture vaccinale qui conduirait à l’immunité collective, mais plutôt d’une longue route pavée d’obstacles. Difficultés d’accès au soin et à l’information, défiance, autant de freins à la vaccination accrus chez les publics les plus précaires.
L’obligation vaccinale constitue quant à elle une garantie d’égalité face aux soins qui tient compte de cette fracture sociale et territoriale et tend à dépasser les limites de l’actuel pass sanitaire.
Mettre fin aux déprogrammations
S’il permet en effet de garder l’épidémie sous contrôle dans la majorité des territoires, le pass sanitaire ne suffira pas à en venir à bout. Nécessaire faute de vaccination obligatoire mais complexe dans sa mise en œuvre, le pass sanitaire souffre aussi de son manque de lisibilité. Déployer la vaccination obligatoire pour tous, c’est aller « au bout de la logique », faire le choix de la responsabilité mais aussi celui de la cohérence et de la lisibilité de l’action publique.
La vaccination obligatoire mettrait enfin un point final aux trop nombreuses déprogrammations auxquelles les hôpitaux sont contraints. Depuis plusieurs mois, la FHF ne cesse d’alerter sur ce constat et ses conséquences sanitaires : retard sur la prévention, perte de chances… En 2020, 2,3 millions d’interventions ont été déprogrammées et l’hôpital a connu une baisse de 6 % de son activité sur le 1er semestre entre 2019 et 2021.
La vaccination obligatoire universelle s’impose ainsi comme la seule réponse réellement efficace pour permettre à l’hôpital public de reprendre l’ensemble de ses activités – au bénéfice des patients.
[1] Données de l’Assurance Maladie, datavaccin-covid.ameli.fr
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