Ostéoporose

Éduquer pour ne pas tomber

Publié le 14/02/2014
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La prévalence de l’ostéoporose est en constante augmentation. Pourtant sa prise en charge reste insuffisante et il est nécessaire de poursuivre les efforts de sensibilisation tant auprès des médecins que des patients. à ce titre, l’éducation thérapeutique devrait désormais faire partie de la prise en charge globale des ostéoporotiques. Aujourd’hui, elle est proposée par certains hôpitaux aux patients les plus à risque.

Crédit photo : BURGER/PHANIE

Un bon diagnostic et une prescription adaptée ne sont pas suffisants pour venir à bout de l’ostéoporose et de ses complications (fractures). Dans le domaine de l’ostéoporose, le traitement vise à empêcher la survenue de nouvelles fractures. Le patient ne ressent donc aucun effet bénéfique de son traitement.

En revanche, il a de nombreux motifs pour l’arrêter : lassitude, absence d’effets thérapeutiques décelables et crainte des effets secondaires. Il en résulte que plus de 50 % des patients traités pour ostéoporose arrêtent leur traitement au cours de la première année suivant la prescription initiale.

Cet arrêt prématuré supprime l’efficacité thérapeutique attendue. La consultation initiale doit donc être longue et comporter des explications multiples sur la nature du traitement proposé, son mode de prise, ses effets secondaires possibles, la durée de la séquence thérapeutique et les résultats que l’on peut en attendre. La mise en place d’un parcours thérapeutique devrait permettre de pallier tous ces inconvénients.

« L’éducation thérapeutique tient une très grande place dans la prise en charge de l’ostéoporose et a des enjeux particulièrement importants, notamment en ce qui concerne l’activité physique et l’alimentation », explique le Dr Catherine Beauvais (service de Rhumatologie, hôpital Saint-Antoine, Paris). À ce jour, elle est essentiellement hospitalière. « Dans notre service, pour cette éducation, nous ciblons les patients les plus à risque, c'est-à-dire en premier lieu ceux ayant déjà eu des fractures, ayant reçu des corticoïdes et, éventuellement, ceux ayant une densitométrie basse avec des problèmes d’adhésion au traitement. » Au cours de différents ateliers, ces patients vont apprendre comment gérer au quotidien leur maladie en apprenant à prévenir les chutes, en ayant une activité régulière, une bonne alimentation et en adhérant à leur traitement.

Des jeux anti-chutes

La prévention des chutes est un point essentiel et, sous forme de jeux, les patients sont sensibilisés aux zones à risque de leur domicile : tapis (à supprimer ou éventuellement à fixer), sol glissant (ne pas cirer)… Il leur est conseillé également d’avoir un bon éclairage, d’allumer la nuit, de ne pas se lever trop vite, d’éviter l’encombrement des pièces, de porter des chaussons fermés ou, encore, d’avoir des poignées murales… Il est leur également recommandé de faire très attention aux médicaments, notamment hypnotiques, qui, en diminuant la vigilance et en favorisant l’hypotension, sont souvent à l’origine de chutes.

Le maintien de l’activité physique est également capital et l’on apprend aux patients des exercices de renforcement musculaire ainsi que des exercices d’équilibre.

Enrichir en calcium

En ce qui concerne l’alimentation, l’accent devra être mis sur l’importance d’une alimentation équilibrée, suffisamment riche en apports calciques. Si ces apports sont insuffisants et que le patient ne supporte pas les laitages, il faudra lui apprendre à consommer des eaux riches en calcium (Hépar, Courmayeur, Contrexéville), des légumes verts (épinards, brocolis), des figues sèches, des amandes… et éventuellement le supplémenter en calcium et vitamine D.

« Sur le plan pratique, à l’hôpital Saint-Antoine, cette éducation thérapeutique a lieu sur une journée comportant 4 ateliers (maladie et traitements, alimentation, activité physique et prévention des chutes). Ces ateliers, qui regroupent 6 à 8 personnes, sont animés par les membres d’une équipe multi-disciplinaire (médecin, pharmacien, kinésithérapeute, diététicienne et infirmier). Un compte rendu de cette journée sera adressé au médecin traitant afin qu’il puisse en rediscuter avec son patient. A distance (environ 3 mois), ces thèmes seront repris au cours d’une nouvelle demi-journée. »

Dr Brigitte Vallois

Source : lequotidiendumedecin.fr